« And if the birds are just all the words flying along, singing a song, what would they do ? If they just knew what they could do. »
Un jour de pluie, rien de plus classique dans ce pays, mais ça n’empêchait pas la morosité ambiante de la ville. Toute cette ambiance ne faisait qu’amplifier ce sentiment lourd, embrumé qu’il ne saurait nommer. Ça ne faisait que quelques jours, qu’il était revenu à la vie, contre son gré. Enfermé dans un corps qu’il n’était pas le sien, il n’arrivait pas à s’acclimater. Comme s’il découvrait un nouveau monde, une nouvelle ville, alors qu’il y avait grandi. Mais douze ans, mort, douze ans qu’il a erré. Il n’a pas vécu. Il a juste été témoin de la vie qui a continué sans lui. Et ça lui convenait bien, à Mickey. Il avait fini par fuir le lieu où il avait repris vie, il avait passé une nuit dehors dans le froid, roulé en boule sur un banc. Ce n’est que le lendemain, quand il accepta enfin d’écouter la voix de Warren qui tentait de lui parler. Quoi d’encore plus perturbant que ça, que de cohabiter littéralement avec quelqu’un dans le même et unique corps. Et la femme de ce dernier avait bien voulu le recueillir sous son toit. Mais il n’osait pas y rester, il n’avait pas sa place ici, il n’aurait jamais dû y être. Et il n’arrivait pas à le faire taire, il n’arrivait déjà pas à se retrouver dans ses pensées, c’était encore pire avec lui.
Il n’avait, aussi, toujours pas osé aller voir sa famille, leur dire qu’il était revenu. Il ne pouvait simplement pas. Mickey était terrorisé à l’idée de voir leur réaction. Parce qu’il a vu les dégâts que sa mort avait causé, une résurrection aussi soudaine pourrait être très mal vécu. Et le garçon n’avait pas envie de les voir souffrir à nouveau et se déchirer, leur voler leur deuil. Mais tout ça restait surtout, encore très flou. Il était paumé. Comment reprendre une vie après douze ans ? Comment même tenter de s’intégrer à nouveau alors qu’il manque dix ans. Il avait à peine fini le lycée, il ne savait strictement rien faire. Sans oublier le traumatisme qui l’a rongé tout ce temps, toute cette colère qu’il a emmagasinée.
Et Mickey errait en ville sans but, il tournait, observait. Quand il croisait quelqu’un qu’il avait connu, il changeait de direction, comme s’ils pouvaient le reconnaître. Ça pouvait durer toute la journée, jusqu’à ce qu’il traverse une partie de la ville pour finir devant le cimetière. Un endroit qu’il aimerait pouvoir éviter. Revoir sa tombe… non, trop tôt encore. Il passa assez vite son chemin bien qu’il se stoppa devant l’église. Il resta planter là un petit moment avant de même envisager à rentrer à l’intérieur. Il ne savait pas vraiment pourquoi, d’ailleurs. Mais il avait fini par y rentrer, marchant lentement traînant légèrement des pieds au milieu des bancs. Il avait la tête en l’air, regardant tout autour de lui, finissant par se cogner contre un banc à force de ne pas faire attention à ce qu’il faisait. Se tenant quelque seconde le ventre en grimaçant, il finit par s’asseoir, attrapant un livre, qui n’était rien d’autre qu’une bible, il feuilleta sans vraiment lire. Il le remit bien vite à sa place. Il finit par étaler ses jambes, regarder le plafond. Qu’est ce qu’il fichait là ?
Il finira par se relever, pour coincer sa tête dans ses mains glissées dans ses cheveux à l’arrière de son crâne. Pour finalement se remettre correctement, changeant de position plusieurs fois. Comme s’il attendait quelque chose sans jamais ne savoir quoi. Son regard suit les personnes qui rentrent et sort sans jamais vraiment y prêter attention. Mickey n’était même pas croyant, il ne s’y était même, jamais intéresser dans sa jeunesse. Esprit surement trop rationnel pour ça, Mickey adorait la science et il avait du mal à croire sans preuve. Même les fantômes, c’était toujours une certaine incertitude pour lui. Et finalement, il vit le prêtre rentrer. Et il eut un mouvement pour se relever mais ce mouvement fut avorté aussitôt. Son regard ne le quitte pas des yeux pour autant. On aurait dit qu’il allait se lever et lui parler, son esprit devait se dire que lui aurait peut-être des réponses à lui donner ? Qu’il pourrait l’aider ? Mais il n’osa pas bouger d’un cil, il restait sur ce banc comme un idiot à trop le fixer.
L’office allait commencer, tout était prêt. Et pourtant, le cœur n’y était pas. Edan ne se sentait pas légitime à enseigner au monde comment se sentir bien alors qu’il était si perturbé. La présence de Feargus dans sa vie ? Il n’était pas tout à fait sûr que ce soit réellement le problème. Quoi que si, il le savait, à chaque fois que ce nom traversait son esprit, balayant celui d’Angus, son corps entier commençait vaguement à le lancer. Donc, aujourd’hui, il ne se sentait pas. Pas légitime, pas en position de débattre, pas en accord avec sa fois, pas en état…Pas.
Et pourtant, il fit son entrée. Poussé par une force qui, depuis toujours, guidait ses pas. Il monta sur l’autel, fit face aux fidèles rassemblés ci et là. La messe du mercredi était moins conséquente que celle du dimanche, mais il ne voulait pas perdre de temps. Et, d’ailleurs, à bien y réfléchir, peut-être qu’Edan pourrait se servir de son mal être ? De ta faiblesse fait une force.
« Enseigne-moi à faire ta volonté! Car tu es mon Dieu. Que ton bon esprit me conduise sur la voie droite ! » Commença-t-il par scander, attirant l’attention des fidèles qui reprirent en chœur. Puis il hésita, pour la première fois depuis longtemps, sur la suite. Oh, il aurait pu répéter encore et encore la même chose, mais il n’était pas sûr de pouvoir, pas cette fois, alors il changea un peu, mentionnant un sujet qu’il n’évoquait que rarement mais qui, cette fois, était pertinent d’un point de vue personnel : La peur. La peur de l’inconnu, la peur de céder, la peur de la tentation, tout ce qui faisait, une fois encore qu’il -ou plutôt qu’ils, tous autant qu’ils étaient- était humain. Et il n’avait jamais autant eu peur de perdre le contrôle de lui-même.
Ainsi, son sermon eu des allures d’introspection alors que son esprit vagabondait un peu vers le fait évident qu’il avait franchement besoin de vacances. Pouvait-il seulement y songer ?
Bien que la majeure partie des fidèles n’ait pas eu l’air de le remarquer, Edan trouva, lui, cette messe un peu chaotique malgré les chants qui l’entrecoupaient. Aussi, à la fin de celle-ci, il n’avait envie que d’une chose. Dormir. Dormir encore et encore jusqu’à la fin de la semaine.
L
D’un coup, comme pour le rappeler à l’ordre, comme pour lui faire signe que, non, ce n’était pas la voie que le Seigneur voulait le voir emprunter, son avant-bras se remit à le lancer. Il serra le poing, prenant conscience de ce qu’il était en train de risquer à s’apitoyer comme ça sur son sort, à refuser de se battre. Donc, comme sous l’effet d’une piqure de rappel que la brûlure dans sa peau avait provoqué, il s’apaisa, retrouvant calme et flegme habituel ce qui lui permit de finir son sermon, dire les dernières bénédictions, se retirer pour laisser les fidèles se recueillir, puis revenir dans la nef.
C’est là que son regard accrocha quelque chose, ou plutôt quelqu’un.
Il n’était pas rare qu’Edan remarque des gens dans l’assemblée qui n’avaient clairement rien à faire là, parfois ces personnes étaient curieuses ou de passage, l’église était ouverte à tous, parfois elles échappaient à quelque chose, Edan en avait déjà vu se réfugier de la chaleur par exemple, l’endroit était toujours frai, ou d’un quelconque intempérie, certains avaient d’autres raisons plus insidieuses et, en temps normal, Edan ne s’en préoccupait pas, tout le monde était libre d’aller et venir, tant qu’ils ne perturbaient pas l’office, le prêtre n’avait rien à dire. Mais là, la personne qui se tortillait sur le banc, sans savoir se positionner ni réellement savoir ce qu’il faisait là suscitait l’intérêt d’Edan car en plus de ne pas cesser de le fixer, il dégageait quelque chose de particulier. Le prêtre sentait les interférences ce qui ne pouvait signifier qu’une chose : c’était un esprit. Et…Eh bien…Il poussa un profond soupir mental. Il aurait tellement aimé avoir une pause après le fiasco qu’avait représenté Feargus. Mais son corps ne lui laissa pas le choix, il se dirigeait déjà vers l’inconnu.
« Bonjour, mon fils. » Entama-t-il de sa voix douce bien qu’un peu fatiguée par les trois heures de chants et de prière. « Avais-tu besoin de me solliciter d’une quelconque manière ? »
Mickey Sorensen
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Surnom : Micky ou Soren.
Date de naissance : 30 décembre.
Métier : Aucun pour le moment.
Logement : Petit appartement à Westside.
Préférence : Pansexuel, il y fait pas attention.
Love life : Célibataire, bien que celui qu'il possède est marié.
« And if the birds are just all the words flying along, singing a song, what would they do ? If they just knew what they could do. »
Mickey ne se souvenait pas être entré dans une église de sa vie, à part peut être pour un mariage et il n’avait pas vraiment suivi ce jour-là, il se rappelle avoir été trop passionné par le bouquin qu’il lisait discrètement durant la cérémonie. C’était un univers très étranger pour lui, mais autant dire qu’à l’heure actuelle, rien ne lui était vraiment familier. Et il allait surement finir par partir de lui-même de toute façon à un moment ou à un autre, du moins… jusqu’à ce que le prêtre rentre et qu’il se voit soudain avoir besoin de lui parler, dans sa quête de réponse. Sans jamais vraiment oser lui parler. Il se souvient encore de sa mère en train de lui dire d’arrêter de fixer bêtement les gens et de juste aller leur parler quand il le voulait. Mais le gamin a toujours été timide. Et là, c’était encore pire parce qu’il y avait aussi une peur inexpliquée de l’inconnu. Et d’un retour non voulu vers le monde des vivants. Et Warren qui lui crie dessus constamment depuis qu’il le possède n’aidait définitivement pas. Il avait l’impression d’être fou. Chose qu’il ne s’attendait pas, c’est que l’homme de foi le remarque et se rapproche de lui. Alors Mickey le regarde d’un air paniqué au début et finit par bégayer plus que parler. « Bon…Bonjour. » Et il renonce d’abord à répondre plus en baissant la tête, se massant nerveusement la nuque, soupirant.
Mais il finit par relever la tête pour le regarder, il sourit timidement, bien qu’on vît plus la détresse qu’il ressentait depuis des jours, la faim qui lui torturait l’estomac et les séquelles d’une nuit à dormir sur un banc dans le froid. « Je ne sais pas trop… » qu’il finit par prononcer pour répondre. Non, il ne savait pas vraiment, c’était compliqué à expliquer et il était surement pas au meilleur endroit pour le faire. Religion et retour à la vie généralement, ça marche pas vraiment de ce qu’il avait cru comprendre. Il inspire profondément, cherchant donc à exprimer quelque chose de plus… utile.
« Je suis totalement perdue, je sais pas quoi faire. » qu’il explique donc jouant avec ses manches maintenant, il ne savait pas quoi faire de ses mains, ni de rien. « Disons que… ça fait deux jours que je me retrouve ici… Sauf que je ne voulais pas revenir et… » qu’il tente d’expliquer, mais comment le faire après tout ? Sa situation était hors norme, comment dit-on a quelqu’un qu’on possède une autre personne contre son propre gré ? Que cette même personne n’est pas endormi comme elle devrait l’être et lui parle en plus de ça ? « Je suis coincé dans le corps de cet homme et je ne peux pas en sortir, j’ai essayé mais… ça marche pas. » qu’il lui explique donc, parce que ça aurait été la solution toute trouvé, mais son âme était celée au corps de Warren au lieu de l’être à la pierre. Et que là, ce n’est pas une pierre que l’on brise simplement.
« Et tout ça, ma… mort, c’était y a douze ans d’une mort violente, j’étais tout juste majeur. Je peux pas juste revenir voir ma famille comme ça… Je sais pas ce que je fais ici, je devrais pas l’être. » Qu’il lui dit donc, comme s’il avait besoin de sortir toutes ses incertitudes. Et il aurait pu continuer encore et encore, avant de se rendre compte qu’il n’arrêtait plus de parler et il finit par se couper lui-même. « Pardon… Je ne sais pas pourquoi je suis venu ici, j’ai besoin d’une explication, de quelque chose, mais je ne savais pas où aller… et je suis venu ici sans vraiment réfléchir… » qu’il lui souffle, d’un air vraiment désolé. « J’ai jamais parlé à un prêtre avant… » Il fait alors une légère moue avant de soupirer, continuant de torturer ses manches.
Mentalement, Edan tentait de faire de l’ordre. Pas encore. Il avait déjà son esprit à traiter après le passage de Feargus dedans, il ne pouvait pas en prendre un second en charge. Mais il le devait, il en avait bien conscience. Alors il se laissa submerger par le flot de paroles ininterrompu qui s’échappait de l’autre homme, très visiblement aussi perdu qu’il le décrivait. Et Edan sentit que tout recommençait, que tout repartait de zéro alors qu’il n’avait même pas terminé d’aider Feargus qu’en voilà un autre dans le besoin, et ce n’était pas vraiment étonnant lorsqu’il y réfléchissait : il y avait tellement d’esprits qui gravitaient autour d’eux et autant qui avait besoin d’aide. Mais quelque chose le choquait encore plus dans le discours de son interlocuteur : Il n’avait pas demandé à revenir…Qu’est-ce que ça voulait dire ? D’abord on l’avait forcé à réintégrer un corps mais quelque chose clochait : S’il n’avait pas voulu revenir il ne se serait pas retrouvé dans le corps d’un autre. Quelque chose avait du mal se passer et plus Edan en entendait moins il comprenait.
Soudain, le prêtre eut la force de lever une main en un geste apaisant, pour interrompre son interlocuteur avant qu’il ne se rende malade lui-même. C’était trop confus pour qu’il puisse tout de suite rendre une confusion, mais il décida qu’il devait d’abord tenter de le calmer, un problème à la fois. « Ne t’excuse pas. Tout va bien. J’aimerais que tu fasses quelque chose pour moi en premier lieu : Prend une profonde respiration. Fais le vide dans ton esprit et apaises-toi. J’ai conscience que ce que je te demande est compliqué, plus facile à dire qu’à faire, mais fais-moi confiance. Je te promets que je vais t’aider du mieux que je peux et que tout ira bien. » Commença-t-il pour jauger sa réaction, sa manière de fonctionner et son état général. Le moins qu’on puisse dire, c’est que le corps ne semblait pas physiquement au top de sa forme, épuisé, affamé et désorienté. « Est-ce que tu veux manger ou boire quelque chose ? Ensuite nous parlerons plus en détail de ce qui t’es arrivé, je t’aiderais du mieux que je peux. »
C’était bien sûr dans l’idée de protéger cet homme et son corps, qu’il fût à lui ou à quelqu’un d’autre, mais également pour se donner le temps de réfléchir à la situation qui semblait extrêmement délicate, peut être encore plus que celles qu’il avait traitées jusque-là. Une chose était sûre : Malgré tout, il avait vraiment envie d’aider cette pauvre âme égarée, mais pour ça il devait en apprendre plus.
« Comment t’appelles-tu ? Moi, je suis le prêtre Edan Sinclair. » L’informa-t-il, accentuant en sous texte qu’il allait le prendre en charge à partir de maintenant pour l’aider à comprendre et à reprendre sa vie, la sienne ou celle de son hôte, s’il le pouvait évidemment, et qu’il tentait d’instaurer un début de relation, l’incitant à faire connaissance. Mais en son fort intérieur, il désespérait un peu et se posait beaucoup de questions. Aurait-il la force de relever une nouvelle personne en si peu de temps alors que la première l’avait déjà tant perturbé ?
