Edan Sinclair ☽ Do not trust me, do not take my hand.

Dernier né d’une famille nombreuse (3 frères et une sœur) Edan, comme toute sa fratrie, est né et a grandi au village de Northwich. En fait, d’une famille plutôt casanière, il n’a jamais vraiment voyagé loin, son père jugeant qu’il y avait tout ce qu’il fallait pour eux ici, et il n’avait pas tort, entre la montagne, la forêt, et la mer, Edan se satisfit très bien de ce qui l’entourait, de toute façon, il n’avait pas spécialement l’envie de quitter le village, les déplacements ayant tendance à l’angoisser. Mais il y avait bien une personne de la famille à avoir l’âme d’un globe-trotteur, sa mère, canadienne d’origine et tombée amoureuse du pasteur du village lors de son pèlerinage. Cependant, si elle aima profondément l’homme, elle ne put se résoudre à aimer son environnement. Le village n’était pas assez vaste, la nature pas assez accueillante et les espaces trop vides pour elle, aussi, elle ne tint pas le coup et finit par demander le divorce, Edan était alors âgé de 10 ans et il ressentit énormément la scission de sa famille, car en partant vers son pays d’origine, sa mère emporta avec elle deux de ses enfants, ses deux fils ainés, alors âgés de 16 et 18 ans et désireux d’entreprendre des études supérieures à l’étranger, de découvrir du pays, des globe-trotteurs comme elle.

Leur absence, bien qu’adoucie par les technologies modernes qui permirent de garder un semblant de contact, contribua néanmoins au renfermement du jeune garçon fragile émotionnellement qu’était Edan, sa solitude, déjà établie, ne fit que se creuser davantage et causa une partie de ses problème relationnels : Il n’avait pas vraiment d’amis, était toujours dans sa bulle et dans son monde, avait l’impression d’être gêné par des bruits parasites, des voix dans sa tête, dont il ne parlait à personne pour éviter d’autres moqueries et, surtout, par peur des représailles. Ce n’était pas normal d’avoir autant peur de dormir à cause des chuchotements, et les présences autour de lui, bien qu’elles avaient l’air pacifiques, ne présageaient rien de bon.

Son père étant donc le pasteur du village, Edan passait le plus clair de son temps à l’église avec lui, à écouter ses sermons et, surtout, à apprendre car c’était un enfant curieux et touche à tout, fasciné par de nombreux sujets qui entraient, évidemment, en accord avec sa fois et qui lui étaient apprises par ses ainés, professeurs comme anciens du village, mais surtout par les voix du cimetière. Enfant, il les écoutait encore car tout savoir était bon à prendre mais, peu à peu, elles l’effrayèrent, car elles se faisaient présentes, trop présentes, demandaient de l’aide et Edan en arriva à un stade où il ne voulait plus entendre, plus voir, il voulait oublier, renier ce qui lui semblait normal autre fois mais qui lui grignotait l’esprit. Toujours sans en parler. C’était dangereux, il l’avait bien compris et sa conscience juvénile n’était pas assez développée pour porter ce fardeau, sa croix.

Ce n’est que bien plus tard, après avoir pris la succession de son père à l’église, qu’il réalisa l’ampleur de la chose, de son don. Alors âgé d’une vingtaine d’année et prêchant, comme tous les jours, la bonne parole, cette fois, il les vit, il les ressentit, plus vivants que jamais, alors que vivants ils ne l’étaient plus, et ils l’appelèrent à l’aide ce jour-là, plus présents que les fidèles habitués, plus forts que les vivants, plus forts que la mort. Et bien qu’une peur sans nom le prit aux tripes ce jour-là, Edan comprit enfin son rôle à jouer, le destin que Dieu lui avait réservé. Il serait le berger, et son rôle serait de guider les âmes égarées vers Son amour, vers Sa lumière.

Mais cette découverte déclencha une autre peur, plus insidieuse encore, le jour où les morts déferleraient sur cette Terre, guidée par la guerre, la famine et la maladie, toutes trois présente dans le monde en quantité pour peu qu’on sache regarder et s’intéresser. Le jour où le quatrième cavalier viendrait faucher les vivants, ce jour-là n’était-ce pas l’annonce de l’apocalypse ? L’enfer se déversant sur Terre, l’ultime épreuve lancée par Dieu à ses enfants. Et ça se profilait de plus en plus.



Fort de ses découvertes, Edan décida à ce moment précis d’accepter son don, d’en faire une force, car c’était un cadeau de Dieu, qui lui donnait la clairvoyance, le pouvoir de guider les hommes vers Son aura, qui aurait-il pu être pour le refuser ? Et il avait pour ça une nouvelle ligne de conduite. À présent, il devait préparer ses fidèles, car la fin était proche, et il devait également apaiser les morts, dans l’espoir peut être d’être épargné ? Cependant, il n’a jamais pratiqué le rituel de rattachement, bien qu’on le lui ai déjà demandé à mainte reprises, car il ne s’en estime pas digne, nul ne peut prétendre revenir sur une décision de Dieu, si le Père a décidé de rappeler ses enfants à lui, il est de notre devoir de les guider vers Sa lumière, de les mener sur le droit chemin, non de les ancrer à la Terre mortelle. La douleur fait partie de la vie, son acceptation nous rend plus fort, ce sont des mots qu’il choisit pour dissuader les fidèles d’avoir recours à de telles pratiques, mais il n’a jamais été confronté lui-même à la douleur de la perte, son père, bien qu’âgé à l’heure actuelle, étant toujours de ce monde, bien vivant. Qui sait de quoi il serait capable dans d’autres circonstances ?