La sœur de l'arrière grand-mère (avec Colin)

Une petite semaine plus un jour… Ce n’était qu’une semaine qu’elle était là, mais elle commençait déjà à regretter les hippopotames et leurs joyeux camarades … même les babouins étaient plus simples à supporter que cette insupportable famille. Pourtant, Cadno avait essayé de faire comme son tuteur. D’appréhender l’enfant en lui parlant, en lui expliquant …. Mais un fantôme était bien plus têtu qu’une enfant de 10 ans. Elle avait compris, Cadno, très rapidement que son père ne rentrerait jamais. Elle avait compris qu’elle se retrouvait seule. Le jour de noël, elle avait perdu la dernière personne qui comptait pour elle. Elle se retrouvait à la merci d’un homme qu’elle ne connaissait pas … mais elle avait compris.

Annie, du haut de ses 10 ans d’apparence mais plus de 20 ans en réalité, n’avait pas su évoluer de son enfance, et continué à être la princesse capricieuse que ses parents avaient faite d’elle… Et elle le faisait bien sur payer à Cadno. Cadno n’était pas sa mère, ça la jeune femme le savait. Cadno n’était pas son amie, et Annie ne voulait pas le devenir. Cadno n’était qu’une étrangère dans un mauvais pays… Remarque un brin raciste mais assez véridique.

C’était pour cela qu’elle se retrouvait en train de marcher dans la rue, encore. Fuyant avec tout le courage qu’elle possédait, le petit monstre qu’on lui avait collé. Elle ne dormait pas assez pour faire attention à son accoutrement actuel. Elle était en peignoir, jogging et débardeur. Elle dormait ainsi, et n’avait pas eu le courage non plus de se changer. Ses cheveux, qui avaient fini accroché à la tête de lit un peu plus tôt dans la nuit, étaient toujours en volume.

Elle prit le chouchou qu’elle avait toujours sur le poignet pour faire un chignon. Effet coiffé décoiffé, se dit elle alors qu’elle était juste décoiffée pas plus. Elle se posa devant une vitrine de boutique pas encore ouverte. On pouvait voir les cernes sous ses yeux. Entre le décalage horaire, la surprise, l’inquiétude, et Annie, on avait l’impression qu’elle n’avait pas dormit depuis bien plus de temps.

Elle arriva enfin à destination. Il fallait qu’elle retrouve l’avocat notaire qui lui avait refilé Annie. Elle devait être sûr, sur et certaine, qu’elle était bien la seule personne qui pouvait s’en occuper. S’il y avait ne serait-ce qu’une autre personne, elle lui donnait la gamine. La gamine, l’héritage et tout le reste. Cadno n’avait pas prit Annie pour avoir l’héritage, bien que c’était ce que stipulé le testament de feu Monsieur Faolan. Elle avait accepté de prendre Annie sous son aile, et l’héritage et la fortune qui allaient avec n’était que le petit plus. Annie n’aurait jamais 18 ans. Elle ne pourrait jamais utiliser l’argent de ses parents. Cadno, elle, n’allait pas cracher dessus. De plus, ça lui permettait de postuler en tant que garde forestière, un métier qui ne paie pas des cents et des milles, sans se faire des soucis pour la fin du mois. Mais, elle n’était pas si proche des sous que cela, et elle savait qu’elle pourrait tout à fait gérer sa vie sans avoir un nombre à plusieurs chiffres à la banque.

Elle rentra dans le bureau pour attraper la première personne qu’elle trouva. Elle s’arrêta devant un homme, le regardant droit dans les yeux pour se mettre à parler.

- Vous êtes sur, archi sûr qu’il n’y a personne d’autres dans toute la planète mieux indiqué que moi pour surveiller ce mon … adorable bout de chou ?

Elle était tellement en effervescence, comme elle ne l’avait jamais été, qu’elle oublia de se présenter ou de préciser de quoi elle parle. Cadno n’était que la fille descendante de la sœur de l’arrière grand-mère d’Annie. Cela faisait assez loiiiiin comme lien de parenté. Cadno ne s’était pas réellement demandé avant si ce n’était pas possible ou pas de remonter aussi loin … après tout, elle non plus n’avait plus aucune famille en vie. Tout le monde était mort, d’une manière ou d’une autre… et elle serait la prochaine si Annie ne décida pas d’être un brin plus sympa avec elle. Elle réalisa alors qu’elle avait été d’une impolitesse incommensurable, et s’en voulu tout de suite. Son accent américain ressortait quand elle parlait.

- Je suis désolée. J’ai oublié de me présenter, et de mettre le contexte, et même de vérifier que vous pouviez m’aider. Je suis Cadno Tywyll, j’ai hérité de la demeure des Faolan, à l’orée de la forêt, et de leur fantôme … qui ne veut pas de moi parce qu’elle me connait pas, et qui me le fait bien comprendre… alors je voulais venir pour être sur que … qu’il n’y a que moi qui puisse rester avec elle.

Cadno préférait pouvoir courir le monde pour aider des espèces protégées que de rester dans un pays sans espoir d’y échapper. Elle avait déjà envie de prévoir un mois en Afrique d’ailleurs … Mais comment faire quand on avait une enfant, fantôme, à charge ? Elle ne pouvait pas simplement la laisser là ? Pouvait-elle venir en Afrique avec elle ? Non… Non amener un démon en Afrique n’était pas une bonne idée. Cadno n’avait jamais eu d’enfants, pas qu’elle n’en aurait pas voulu, mais ça ne s’était jamais présenté… et elle n’avait pas ressenti « d’horloge biologique » comme certaines femmes lui avaient parlés. Si elle devait avoir un enfant, elle s’était toujours dit qu’elle adopterait un enfant qui a besoin d’une famille, et qui est seul. Annie est seule. Mais Annie ne veut pas d’elle, ce qui change tout.

Elle le suivit sans rien dire de plus au début. Que pourrait-elle dire de plus ? « Pitié appelez un exorciste ? » et là, ne voulant parler des médiums qui se prennent pour des envoyés de Dieu mais bien de celui qui a jouer avec les possédés dans le films … Film qui l’avait traumatisé à l’époque de sa sortie, et dont elle avait l’impression de faire un remake dans les moments les plus noirs avec Annie. L’avocat, notaire, ou qu’importe le nom de la personne qui l’avait aidé pour l’héritage n’était donc pas là ? Elle allait réellement finir au bord d’un gouffre pour y sauter, sans corde pour la retenir.

Bien sur, elle n’avait pas d’idée aussi noir que cela. Cadno, bien qu’étant dans tous ses états, ne pensait pas du tout à la mort, mais… elle imaginait bien laisser le diable dans son manoir et retourner auprès de son orphelinat d’éléphanteau … c’était mieux les éléphants. Beaucoup mieux. Elle l’avait donc suivit en se demandant si elle pouvait trouver le numéro de Constantine dans le répertoire… bien que plus personne n’utilise de répertoire de nos jours.

- Vous avez fait le dossier ?

Elle eu un regain d’espoir … avant que l’homme ne lui coupe l’espoir restant… « personne d’autre ». Si les êtres vivants voulaient être spéciaux, uniques, qu’il n’y ai personne d’autre qu’eux … Ce n’était pas le cas de Cadno, ça lui allait très bien, à elle, que milles personnes puissent faire la même chose qu’elle … et elle aurait bien voulu milles personnes pour la remplacer. Elle mit sa tête dans ses mains.

- Annie est un démon sortit des enfers ! Elle me tuera ! Si elle ne mets pas du sucre, de la farine ou autres sur les portes que je traverse, elle me mets des substances que je ne connais pas partout, dans le lit, dans mes vêtements, elle me claque les portes au nez, elle me ….

Elle s’arrêta un instant en réfléchissant alors qu’une image trèèèès claire lui vient en tête.

- Vous avez déjà vu la famille Addams ? Mercredi essaie tout le temps de tuer son petit frère, qu’importe la manière, bah dans notre monde Annie est Mercredi… et moi je suis le petit frère dodu qui va finir par y laisser la vie.

Elle secoua la tête… elle savait que craquer devant cet homme n’était peut être pas la meilleure solution … surtout que dit ainsi on pourrait croire que ce ne sont que des petites farces sans conséquences …. Ce ne sont pas des petites farces sans conséquences, rien qu’hier, elle avait faillit tomber dans les escaliers à cause d’un fil tendu … et tendu par qui ?

- Pardon. Désolée. Je ne veux pas que vous pensiez que je suis un Karen. Je ne sais même pas si vous savez ce que c’est ici…. Je suis venu ici, pour m’occuper d’elle, j’ai laissé toute ma vie chez moi, j’ai décidé de l’aider, de traverser la planète ! Et elle ose me dire que je l’ai fait pour l’argent. Comme si j’avais besoin de son foutu argent !

Cadno avait hérité de ses parents, morts et donc l’argent lui revient, ainsi que de son tuteur, mort et donc l’argent lui est revenu aussi. A croire qu’elle avait une malédiction qui faisait tuer tous les membres de sa famille, et lui laisser le reste à gérer. Elle finit par se pincer l’arrêt du nez en respirant doucement.

- Annie ne veut pas de moi. Alors je me demandais s’il n’y aurait pas une amie de la famille, quelqu’un qu’elle connaisse et qui accepterait de la prendre, mieux indiqué que moi.

Si elle n’était pas maman, c’était parce qu’elle n’en avait pas eu l’occasion, c’était triste mais ainsi … cependant elle ne s’attendait pas à le devenir de cette manière. Elle savait, de part les personnes qui l’ont cherché, qu’Annie et ses parents étaient un peu … « isolés » et donc ils n’avaient pas plus d’amis que cela et qu’elle était la dernière de la famille.

Spoiler:

Cadno savait qu’elle n’exagérait pas. Sa patience, qui normalement était assez grande, avait été mise à rude épreuve, et maintenant elle n’en avait juste plus. La petite démone était le genre de fantôme qui apprécierait certainement d’avoir un fantôme comme ami… elle aurait préféré avoir ses parents comme ami qu’une inconnue venue de nulle part. Quand il parla de mettre sa vie en danger, elle pinça les lèvres.

C’était toujours dangereux de ne pas voir de sommeil… Cadno le savait, et heureusement pour elle, elle n’aimait pas prendre la voiture et n’en avait pas le besoin. De plus, elle était déjà tombé plusieurs fois dans les escaliers à cause de cette petit ange… pouvait elle le dire à l’homme ? Est-ce qu’il n’y avait pas un risque qu’on la fasse disparaître ? Elle ne connaissait pas les règles, les lois qui régissent les fantômes, et d’ailleurs on ne disait même pas fantôme normalement.

- Cela pourrait, elle … je ne pense pas qu’elle est la conscience du danger, et du fait que je ne sois pas comme elle. Sauf que je n’arrive pas  à lui parler et à lui expliquer.

Elle avait eu une seconde de discussion courtoise avec Annie avant que cette dernière ne commence à devenir un démon. Si Cadno n’était pas sûr que les démons n’existent pas, elle aurait vraiment demandé de l’aide à l’église. A contrario de ce que l’homme pouvait penser, elle accueillit la discussion avec l’homme calmement.

Elle exagérait peut être un peu ? Elle ne savait pas. Mais ce qu’elle savait c’était qu’elle avait besoin d’aide … et envoyer balader un homme qui essaie de l’écouter pour l’aider n’était pas la bonne idée.

- Je m’en doutais, qu’il n’y aurait personne. Quand mes parents sont morts, on avait trouvé personne aussi de mon côté de l’Atlantide… C’est juste que … je n’étais peut être pas prête à … changer ma vie.

Elle était bien en Afrique. Elle était bien là bas, entre les éléphants et les autres personnes du refuge… Elle était bien dans la nature … heureusement que la ville l’avait accepté comme garde forestière sinon, elle n’aurait même pas eu ce bonheur ! Elle ne sait pas comment elle a pu passer de « femme trop vieille pour avoir un enfant » à « femme avec enfant ». Elle comprenait donc que personne n’était possible … elle allait devoir trouver une autre méthode pour que les deux acceptent ce changement radical de vie. Elle réfléchit à sa proposition.

- Je n’ai pas envie de vous déranger plus que ce que je ne le fais déjà… mais si un jour vous avez un trou dans votre planning, cela serait avec un grand plaisir ! Qu’est ce que le Black Cat Club ?

Elle se souvenait s’être inscrite dans un groupe de parole, ou quelque chose du genre, à son arrivé, mais ça parlé de livre, de choses divers et variés, et elle n’avait même pas encore eu le temps de se pencher sur cette question non plus.

- Merci d’essayer de m’aider en tout cas. Vous êtes une bonne personne.

Elle lui fit un sourire. Elle, elle savait qu’elle appréciait quand on lui disait qu’elle était une bonne personne, quand on disait ce qu’on pense, surtout quand c’était positif, alors elle ne se gêner pas avec l’homme pour lui transmettre sa pensée.

Cadno n’était pas dans son assiette. C’était le terme. On parle de homesick. On parle de burn out. On parle de beaucoup de mot emprunter à l’anglais pour faire plus sérieux, certainement. Dans tous les cas, elle n’allait plus très bien. Peut être qu’une transition plus douce aurait été mieux … elle passait de l’Afrique, et de son refuge pour bébé animaux, à ici … coincé avec un démon… Elle ne voulait pas ne plus être joyeuse, elle ne voulait pas détester tout ça … mais elle n’arrivait pas à trouver une bonne raison de sourire … si on oublie qu’elle était le genre à tout garder pour elle, normalement, des sentiments négatifs… mais même son meilleur ami ne lui répondait plus à cause une tempête qui empêchait les communications.

- J’aimerais vraiment. Je dois avouer que le changement entre l’Afrique et ici est … hé bien complètement différent, et Annie est plus difficile à comprendre pour moi qu’une lionne blessé au coeur de la savane.

Cadno n’avait, heureusement, jamais eu de lionne blessé, mais elle savait qu’elle aurait pu trouver les bons gestes. Déjà, l’endormir. Ensuite la ramener. Ensuite la soigner. Comment on pouvait faire cela avec un enfant mort depuis douze ans ? Elle ne pouvait as simplement soigner l’enfant, la faire revenir pour de vrai…C ‘était un peu impossible. Cadno finit par faire un sourire à l’homme.

- Je ne doute pas de me faire une place parmi vous. Vous êtes vraiment gentils tous. C’est juste que je n’ai pas envie d’embêter tout le monde avec mes problèmes tout ça.

Elle le pourrait, en réalité, elle serait bien le genre à parler dans la rue de ses opinions, de ses idées et de tout le reste … mais …et bien, c’était juste qu’elle ne voulait pas paraître pour une folle tout de suite…. Parce que si elle commençait à parler, elle ne pourrait plus s’arrêter … comme elle l’avait fait avec Colin à l’instant même … Alors qu’il proposa de venir tout de suite, elle posa le pour et le contre pendant quelques secondes. Pour, que du positif. Contre … hé bien ne pas déranger plus que nécéssaire.

- Annie risquerait de se cacher … Si vous le voulez vraiment, et que je ne dérange vraiment pas, alors j’accepte … mais je passe en première.

Si quelqu’un devait se prendre un coup de pelle dans le visage parce que habilement accroché à la porte pour finir dans sa tête, il valait mieux que cela soit elle que l’homme. Au moins, elle ne risquerait pas d’avoir un procès aux fesses pour mise en danger de la vie d’autrui. Quoi que. Elle secoua la tête négativement quand il parla du club du chat noir. Le laissant finir sa tirade pour répondre par la suite.

- Je ne crois pas avoir eu ce plaisir. Quand j’étais en Afrique, je ne pense pas que j’ai rencontré l’association, mais je passais mon temps loin des humains, et en Amérique, je ne faisais pas vraiment attention, je l’avoue. J’accepte cette proposition aussi avec plaisir !

Elle aurait un peu peur de ramener Annie au milieu de plein de monde…. Mais après tout… Colin était peut être la solution à ses problèmes ?