Voyons comment l'autorité d'une mère passe à une maîtresse
Depuis que Cadno avait hérité, quel étrange manière de parler d’un revenant, d’Annie, elle avait rencontre plus d’une personne dans cette ville… passant par les avocats qui l’avaient liés à ce démon, jusqu’à des inconnus qui ont réussi à lire son désespoir dans ses yeux. Les enfants, elle aimait ça, bien sur… mais elle préférait les animaux et laissait le loisir aux autres femmes d’être des mères.
Elle ne s’était jamais vu comme une mère … et cela depuis aussi longtemps qu’elle puisse se souvenir. Petite, elle n’avait pas un poupon a bichonner, mais un tigre a ramener dans son milieu sauvage, ou un chat dont il fallait vérifier l’âge … Ce n’était pas le même genre de couche à changer. Elle n’avait donc jamais eu l’envie d’être mère.
Ni l’opportunité, bien que cela soit une autre histoire qu’elle n’avait pas envie de conter tout de suite.
Elle ne savait donc pas comment gérer la revenante, enfant depuis bien trop d’années. Elle ne savait pas quoi lui dire, quoi faire, si pleurait était une bonne idée … Elle n’ignorait jamais Annie, ou presque jamais … il fallait dire que quand la petite lui avait chanté pour la 23ème fois la chanson de la reine des neiges hier, elle avait été obligé de s’enfuir à nouveau de chez elle.
Chez elle … c’était un bien grand mot. Elle avait hérité du manoir, de la fortune et de tout le reste en même temps que d’Annie. Chez elle, c’était en Afrique, avec son refuge des animaux qui avaient subi des dégâts par les braconniers … bien que l’Amazonie lui manquait aussi, et l’Australie … et tous les lieux où elles avaient pu crapahuter dans la poussière pour venir en aide à des animaux qui en avait besoin. Et maintenant, elle se retrouvait avec un démon à apprivoiser, ce qu’elle ne savait pas faire.
Bref.
C’était pour ça qu’elle se retrouvait à nouveau sur le banc, devant la cours de la maternelle à observer des enfants en train de jouer… elle n’observait pas réellement les enfants, elle observait les maîtresses qui devaient mater toutes cette marmaille. Cadno avait, pour les jeunes femmes, bien plus de respect que pour les dompteurs de lion, qui était tous des cons d’ailleurs.
Elle était venu à presque toutes les récréations de la maternelle. Elle était venu aussi aux sorties d’écoles pour voir la passation de l’autorité de la maîtresse à la mère … on avait finit par la regarder de travers. Plusieurs personnes lui avaient demandé ce qu’elle faisait, surtout qu’elle n’était pas encore connu dans la ville, et elle leur répondait simplement qu’elle observait. Elle avait un petit carnet à la main avec ses notes…
Ce jour là, elle était donc en train d’observer la sortie des classes quand elle eu un bon pressentiment. Les pressentiments n’avaient pas à être toujours mauvais n’est ce pas ?
« La rencontre de deux pipous : Voyons comment l'autorité d'une mère passe à une maîtresse »
Au loin, j’observe cette femme, assise seule sur un banc, un carnet à la main, comme si elle prenait des notes… Je trouve cela étrange et crois me souvenir que ce n’est pas la première fois que je la vois à la sortie des classes. Je me demande bien qui elle peut observer et pourquoi elle se tient là, sans même chercher à se cacher. C’est étrange mais si elle avait quelque chose à se reprocher, elle se ferait plus discrète. Ces jours passés, j’ai pût voir plusieurs personnes s’interroger sur sa présence, me demander qui elle est et ne pas pouvoir leur répondre. J’ai put voir ces parents inquiets l’éviter ou certains plus directs, aller à sa rencontre, sans doute pour lui demander ce qu’elle cherche. Oui … Que cherche-t-elle a être ici ? À observer ces gens. Une journaliste qui veut faire un article sur les écoles, sur notre école en particulier ? Une enquêtrice qui mène des recherches sur la maltraitance… J’ai déjà put observer quelques bleus sur certains de mes petits, j’ai déjà eu le coeur brisé de voir que je suis impuissante face à ce genre de situation. Ou bien une mère épleurée… Je pars peut être trop loin avec mon imagination débordante. Peut être que sa présence n’a rien à voir avec tout cela. Qu’elle est une simple écrivaine qui s’inspire des gens, de leurs traits pour en attribuer certains à ces personnages. Je me suis toujours demandé comment faisait les écrivains pour rendre certains de leurs héros si réalistes !
Je souris et salue mes petits bouts alors qu’ils retrouvent leurs parents les uns après les autres. Certains me font juste un signe de la main alors qu’avec la seconde, ils attrapent celles de leurs parents. D’autres viennent me faire un petit câlin. Nous sommes vendredi et je ne les retrouverai pas avant lundi. Je garde ce sourire aux lèvres même si la tristesse s’empare de moi. Avant, j’aurais profité de ces deux jours pour retrouver les bras de l’homme si cher à mon coeur… Mais depuis qu’il a disparu, tout est si compliqué, si confus. Je ne peux en vouloir à Mickey, ce n’est pas de sa faute si il a prit la place de Warren, de mon mari… Je ne peux en vouloir à Warren si la séance a mal tourné… C’est de ma faute, je ne croyais pas assez en lui et j’ai reporté mon angoisse sur lui… Je soupire, chassant ces idées sombres pour garder ce sourire radieux, ce sourire de façade. Dois-je garder l’espoir de le revoir un jour ? Ou bien commencer mon deuil ? Tout semble si compliqué. Mais tout cela ne doit pas impacter mon travail.
Il me semble surprendre le regard de cette femme se poser poser sur moi, ou peut être est-ce sur cette mère qui tend les bras à sa fille, cette dernière s’y jeter avec tant de joie. Si elle m’observe moi… Peut-elle voir en moi, cette jalousie que je cache au plus profond… Cette envie d’être à la place de cette mère, de voir cette enfant courir vers moi pour se jeter dans mes bras, cette fillette m’appeler maman… Cette chance que je n’ai pas encore put connaître… Cette chance que je ne pourrais peut être jamais connaître, ne me voyant pas me lancer dans cette aventure sans lui à mes côtés. Peut-elle déceler cette tristesse que je refoule alors que je vois ma dernière petite tête blonde retrouver ses parents. Je fais signe à mes collègues.
Je ne rentre pas pour récupérer mes affaires, pour rentrer chez moi, retrouver cette étrange atmosphère qui règne à la maison. Au lieu de ça, je me dirige vers ce banc, vers cette jeune femme pour prendre place à ses côtés. Je lui souris. Alors que des rumeurs circulent sur sa présence devant l’école parmi les autres enseignants, je ne juge pas sur les dires qui peuvent créer les rumeurs. « Bonjour, tout va bien madame ? Vous semblez perdue, puis-je vous aider ? »
Voyons comment l'autorité d'une mère passe à une maîtresse
Cadno n’avait pas remarqué une femme plus qu’une autre … pour dire la vérité, elle était tellement concentré sur comment elle faisait, qu’elle ne pourrait même pas retrouver leur visage dans une foule… Elle avait pourtant l’habitude d’être gentille et avenante mais … pas quand elle était concentré au point de ne rien voir autour d’elle. Donc, quand la jeune femme vient s’assoir à côté d’elle, elle mit un temps fou à réaliser que c’était une des maîtresse. D’ailleurs, elle n’en était même pas certaine.
Elle avait sourit à la jeune femme avec tout son visage, sans filtre ou sans frontière. Son visage n’exprimait que le bonheur de sourire à une personne qui nous avait sourit en premier.
- je vais très bien, et vous ? Je trouve la journée particulièrement agréable, et en plus je n’ai rien à faire de toute ma fin de journée. J’ai validé toutes les missions de la journée … je pourrais bien aller faire une course mais tous mes joggings sont au sale, oh une machine, je dois faire une machine, mais sinon oui tout va bien et vous ?
Cadno venait de penser à voix haute tout en continuant de répondre à la jeune femme. Et elle trouvait ça tout à fait normal … pour elle, il n’y avait rien de bizarre à dire sa vie comme ça devant une parfaite inconnue. Elle sourit.
- je m’appelle Cadno. Cadno Tywyll, et je suis la nouvelle garde forestière de la ville. Enchanté !
Elle sourit en lui tendant la main avec toute la bonne humeur dont elle pouvait faire preuve. On ne la connaissait pas vraiment dans la ville … bien qu’elle aurait cru que l’arriver d’une héritier américaine pour prendre en charge un enfant revenant aurait fait un grand bruit dans la ville… il semblerait qu’elle était assez doué pour passer inaperçu, étrangement …
- et non, je ne suis pas perdu. Voyez-vous, j’ai … hérité d’un enfant, bien que la manière de dire cela est tout à la fois déconcertant et violent, mais c’est un fait … sauf qu’elle me déteste…. Et je ne la connais pas assez pour l’aimer.
Elle n’était là que depuis trois mois… elle ne pouvait pas aimer une enfant qui la déteste et lui fais subir toutes les crasses de la terre en si peu de temps.
- Alors je suis venu voir comment les maitresses s’occupaient des démons pareils … et j’ai essayé de faire pareil à la maison, mais ça ne marche pas. Encore ce matin, elle a essayé de me pousser dans les escaliers.
Et heureusement que Cadno l’avait senti venir pour bien retombé sur ses appuis, sinon elle aurait pu avoir besoin de béquille .. ou d’un cercueil.
