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J'ai même pas une excuse, pour rester couché, j'suis même pas malade
Un SMS me demandant quand j'étais dispo pour un cours d'escalade. Un SMS tout joyeux avec des smileys. Ca avait commencé comme ça. J'étais alors en train d'essuyer une insomnie des enfers, mon cendrier rempli à ras-bord et six cadavres de bière autour de moi, The Big Lebowski en continu sur ma télé. Je réalisai alors qu'il était près de huit heures du matin et que je devais me dépêcher d'aller au travail fissa.
En chemin, j'avais répondu ça : "Samedi prochain ?".
Cadno n'avait pas eu besoin de plus. Elle devait venir me chercher à neuf heures et je sais pas pourquoi, j'avais proposé de préparer le petit déjeuner. J'avais donc préparé trois thermos de chocolat chaud, un de thé et un de café -dont quatre empruntés à ma grand-mère-, un gros tas de pancakes, une salade de fruits et quelques shortbreads millionaires -parce que c'est la vie et que j'ai réquisitionné ma mamie un après-midi entier pour ça-. Et puis comme on sait jamais qu'on vienne à manger, j'ai acheté deux baguettes et quatre pains au chocolat à la boulangerie. Plus une bouteille de jus d'orange. Voilà que je me retrouve comme un con avec un énorme de tas de bouffe devant moi et je me dis que franchement, c'est trop.
Gros soupir. Tant pis, y aura des restes. J'ai pas beaucoup dormi, j'étais stressé. Stressé de revoir la nana qui s'est foutue à moitié à poil devant moi, m'a vu en crise d'angoisse, m'étouffant avec des ramens instantanés, sans oublier qu'elle m'a entendu crier de bonheur dans la forêt. GÊNANT.
Pas pour elle faut croire, puisqu'elle m'a effectivement donné rendez-vous pour ces fameuses leçons d'escalade dont j'ai plutôt besoin. Je suis un peu content quand même, faut l'admettre, je trépigne comme un gosse qu'on doit venir chercher pour emmener à Disneyland. Pour l'instant, mon cerveau n'a pas réalisé le potentiel de ridicule que présente cette situation, ou peut-être que si, et que l'excitation c'est de la nervosité. J'sais pas, mais j'essaie de réfléchir à comment saluer la garde forestière de façon correcte, ne pas avoir l'air trop bizarre ou trop en manque de sommeil. J'ai même pas bu hier soir. Je suis fier de moi. Je suis même tout beau tout propre, rasé, les cheveux vite fait coiffés, les dents brossés, ce que j'ai de plus adapté à la pratique du sport sur le dos.
J'essaie tant bien que mal d'emballer mon gros tas de provisions dans un sac à dos, ça rentre pas, donc je prends un tote bag en plus, et faut que je tienne le sachet de la boulangerie à la main. Bon. Je pose tout en bordel dans l'entrée, et je fume une clope allongé sur le sol de la cuisine en attendant qu'elle arrive. Ca va être bien. J'essaie de me jurer que ça va être bien. Ma grand-mère était euphorique quand je lui ai dit que je partais faire de l'escalade avec la garde forestière. S'il y a encore une prochaine fois, faudrait qu'elle vienne avec nous. Je crois pas qu'elle ait déjà rencontré Cadno entre temps, mais si c'est pas le cas, ça ne saurait tarder. Mary MacLaren est le cliché d'une vieille comère et adore en jouer. Je l'imagine très bien devenir pote avec la quadragénaire et bitcher sur moi dans mon dos. En toute bienveillance, évidemment. Je suis l'amour de sa vie, elle est l'amour de la mienne.
Bref, pas l'temps d'niaiser comme disent les québécois, va falloir que je reste concentré pour pas mourir. Essayer de faire confiance à Cadno pour pas mourir. En toute honnêteté, elle m'a bien sauvé la mise la dernière fois. Je serais certainement pas mort, non, mais j'aurais passé un moment beaucoup plus désagréable. Elle m'a servi de bouée, de doudou auquel me raccrocher. Et aussi mal que ça me fait de l'admettre, c'était franchement cool.
J'ai posé mes pieds sur une chaise, dos sur le carrelage et je fume toujours. Bientôt finie. Je sens que je vais en rallumer une autre. Je sais plus vraiment quelle heure il est, ni quand elle arrivera. J'essaie de me mettre dans un état qui me permet de ne penser à rien, sinon je vais stresser, penser que les boissons vont refroidir, qu'elle va se moquer de moi de partir faire du sport avec de la nourriture pour dix et ne pas aimer mes pancakes parce qu'après tout, elle est américaine et c'est peut-être une des choses qu'ils ont là bas qui se rapproche le plus d'un plat national. |
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![]()  Escaladons la montagne Il parait qu'il faut se bouger le cul pour être en bonne santé
Cadno était prête, comme on pouvait l’être. Enoch lui avait proposé de préparer le petit déjeuner, et elle avait trouvé cela charmant … en plus d’être une épine en moins dans son pied. Elle observa les placards vides. Placards qu’elle avait remplit récemment.
- Annie, dit moi, tu ne serais pas où sont passés toutes les choses que j’ai acheté avant-hier ?
- Je les ai enterré dans le jardin.
Dit la revenante en passant la salle sans même lui lâcher un regard. Cadno avait beau essayer de lui parler, ça ne fonctionner pas … et si la venue de Colin, l’homme avocat, avait eu de quoi la calmer pour certaines choses, le reste était … et bien compliqué entre sa pupille et elle. Annie n’essayait au moins plus de la jeter du haut des escaliers. Elle avait hérité d’une voiture par les Faolan, une jeep, qui étrangement avait survécu à la revenante… peut-être n’avait elle pas envie d’aller jusqu’au garage… Qui pouvait bien le savoir. Elle observa la voiture, vérifiant tout de même l’état des pneus et des freins, on ne sait jamais.
- Tu vas revenir hein ?
Cadno hurla en sursautant… elle n’avait pas entendu Annie arrivé. Elle posa les yeux sur l’enfant, qui ressemblait un peu trop à un ange, mais la blonde ne se laisserait pas berner.
- Oui.
L’enfant claqua sa langue pour montrer sa désapprobation la plus totale et elle finit par tourner les talons pour partir à l’intérieur de la maison.
- Bon journée à toi aussi … démon des enfers.
- je t’ai entendu.
- Oups.
Elle se jeta dans la voiture et mit le contact, vérifiant l’essence. Elle savait où elle avait envie de faire de l’escalade, ou en tout cas comme premier cours, et il serait plus rapide d’y aller en voiture pour le début. Elle était sur qu’Enoch ne lui en voudrait pas. La voiture était assez bien, écologiquement parlant, pour être utiliser sans que cela ne cause de bouton à personne. Elle arriva à l’adresse donné par SMS, et elle sortit de la voiture. Elle était en tenu pour l’escalade, des vêtements prés du corps, des chaussures adaptés, une casquette visé sur le crâne… Deux autres dans le sac, parce que c’était une habitude qu’elle avait eu en Afrique … un insolation là-bas faisait assez mal. Elle avait prévu aussi des packs d’eau. Même si l’eau devenait chaude, elle serait toujours mieux que pas d’eau du tout.
Elle arriva à la porte et fit deux toc toc, puis réfléchit et en fit un troisième. Au dessus de sa tête, elle vit passer un moineau qui vient curieusement voir si elle n’avait rien laissé tomber par terre. C’était mignon. Elle attendit l’homme en l’observant, un sourire déjà vissé sur le visage. Cette journée allait être une bonne journée.
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Out the door, just in time
Ca toque. Je finis ma deuxième cigarette. L'écrase nerveusement dans la soucoupe qui me sert de cendrier et pousse un grognement en faisant racler mon dos contre le carrelage. J'ai aussi des fourmis dans les jambes. Nice. Je me relève tant bien que mal, range vite fait le bordel par terre, attrape une doudoune et ouvre la porte. Je pousse du pieds les provisions. Cadno pourra m'aider à les charger dans la voiture.
Elle est là. Elle n'a pas changé -pourquoi ce serait le cas d'ailleurs ?- un air ravi fiché sur le visage. J'affiche un sourire gêné, mais sincère. Mains dans les poches, odeur de tabac froid sur les fringues. Moi quoi.
- Hé, salut.
Je saute pas de joie mais franchement, l'émotion est là, je suis sincèrement content de la revoir. Je pense plus vraiment au ridicule de ma personne lors de notre dernière rencontre, j'ai l'odeur des pancakes et du chocolat dans les narines, ça contribue à ma bonne humeur. Wow. Surtout, surfer sur la vague de cet instant de félicité. Ne pas penser que je suis une brêle en sport et que mon cardio est dégueulasse à cause du manque d'exercice et de beh, la clope. Paradoxe absolu, on va faire du sport, j'ai quand même prix mon paquet de tabac, mes feuilles et mon briquet. Je peux pas faire sans, c'est pas négociable. Je sais pas ce que Cadno en pense, je finirais bien par le découvrir. Je lui tends le tote bag avec les thermos et lui dit :
- Tu peux tenir ça le temps que je ferme la porte ?
J'attends plus ou moins pas la réponse, je le sac sans ses mains et ferme à clé, le sachet de boulangerie entre les dents, le sac à dos qui ne tient qu'à une bretelle sur mon épaule. Ok, tout est ok. Je me retourne, viennoiseries dans leur emballage toujours emprisonnées dans mes incisives et dit :
- Jui prêt.
Je lache le sachet qui atterit dans ma main. Cool. J'aurais pu faire ça avant de parler. Secouage de tête, mes cheveux s'invitent dans mes yeux et je les enlève maladroitement de mon visage. On peut donc y aller. J'ai vu qu'elle était venue en voiture, ce qui est plutôt pratique, quand on transporte du matériel d'escalade et un petit dèj pour trente. Au moins, on aura pas à se taper le regard des autres dans les transports, peut-être même qu'elle mettra de la musique, y aura des beaux paysages. Chouette.
- Ca va ?
Je suis pas sûr de savoir quoi lui dire si elle me répond que ça va mal, mais la question est sincère. Jusqu'ici, elle ne m'a donné que des raisons de penser qu'elle est une personne qui mérite d'aller bien. Bien sûr je sais que ça ne veut pas dire grand chose, si ça se trouve c'est une tarée qui torture des enfants et des poussins dans sa cave. Peut-être qu'elle va me pousser du haut d'un rocher une fois qu'on en aura escaladé un bien haut. Tout peut arriver mais eh, j'ai peut-être du mal à faire confiance, j'en suis pas parano pour autant. Si je meurs, je meurs. Je pourrais tout aussi bien ne pas me réveiller demain à cause d'un problème cardiaque encore jamais détecter. Autant prendre la voiture avec Cadno et crapahuter dans les montagnes avant le décès.
- J'ai prévu un peu trop à manger, ajouté-je en me mordant les lèvres, me disant qu'elle allait peut-être faire la remarque du poids du sac. Mais mieux vaut trop que pas assez dans ce cas là... Je crois...
J'aime pas trop faire de généralités, souvent ça sonne ridicule, souvent y aura quelqu'un pour la contredire, et puis quand ça concerne des gens ou des groupes de gens ça mène à des préjugés. Bon là, y a peu de risque que ce soit si grave d'avoir préparé dix kilos de pancakes, parce qu'au pire, ça se congèle, y aura des réserves pour plus tard. Au pire, je peux en amener à ma grand-mère et à Cassandre, Cadno à sa famille si elle en a une ou encore aux collègues. Y a toujours des possibilités. Bref. J'espère que ce sera bon au moins.
J'attends pas l'autorisation de la quadragénaire pour m'installer sur le siège passager, les pieds recouverts par mon sac à dos, parce que ça me semble logique et que de toute façon, j'étais trop pris dans mes pensées sur les généralités pour la politesse. Faut pas abuser non plus, elle est venue me chercher en voiture, c'est logique que je monte. A priori, elle ne trouvera pas ça mal élevé. En plus mes chaussures sont relativement propres et je ne vais pas tout dégueulasser. Ne suis-je pas un invité admirable ?
Non. Pas trop. Mais on va éviter d'y réfléchir trop longtemps. |
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![]() Escaladons la montagne Il parait qu'il faut se bouger le cul pour être en bonne santé
Enoch avait toujours ce … petit quelque chose que Cadno n’arrivait pas à définir. Ce petit quelque chose qui lui donnait envie de le prendre dans ses bras pour lui faire un gros câlin et ressourcer son énergie dans cette étreinte. Elle devenait folle. Voilà ce qu’elle disait en ne le prenant pas dans ses bras. Mais il avait tout de même cette petite chose qu’elle essayait encore de trouver, de comprendre. Elle lui sourit.
- Salut !
Elle prit ce qui lui tendit, sans répondre réellement, le temps qu’il ferme la porte comme demander. Oh. Il avait préparé beaucoup, mais ce n’était pas pour lui déplaire, puisqu’elle n’avait rien mangé hier, et ce matin … et bien les petits princes étaient en train de pousser dans le jardin apparemment. Elle sourit quand il lui dit être prêt. Elle allait lui prendre le sac de la bouche, pour l’aider un peu, mais il le fit lui même.
Elle faisait ça, elle aussi, souvent. A la force de ses dents … bien qu’on lui avait toujours dit qu’un jour elle s’en casserait une, ce n’était jamais arrivé. Elle avait toutes ses dents.
- Je vais très bien et toi ? J’ai profité de la journée d’hier pour vérifier les zones d’escalade et je me suis amusée à faire pleins de plans sur la comète, ça m’amuse.
Elle haussa les épaules. Elle aimait bien faire ça. Petite déjà, elle aimait déjà ça. On lui donnait un prix, elle prenait un magazine, et elle cochait tout ce qu’elle voulait acheter. Cela ne lui servait à rien, puisqu’elle savait qu’elle n’aurait pas le droit à cette argent, mais ça l’amuser. Trouver les différents itinéraires pour aller en escalade, les différentes zones d’escalades et faire des pronostics sur leur difficulté l’avait amusé.
- Ne t’en fais pas, j’ai une faim de loup alors je suis sûr que ça sera parfait. De plus, si on reste bloqué 127 heures en haut de la montagne, au moins nous n’aurons pas besoin de demander ce que nous allons faire.
Elle lui fit un clin d’oeil en souriant. L’homme n’avait pas encore vue le nombre de casquette qu’elle possédait dans le sac, avec les cordes, les paracordes et tout… Et le pack d’eau. Elle sourit encore.
- D’ailleurs, j’ai un petit cadeau pour toi.
Elle n’avait pas pris le temps de trouver de quoi floquer un t-shirt … et elle n’avait pas encore assez de connaissance sur Enoch pour savoir sa réaction. Elle ouvrit la boite à gant, tout s’installant pour lui offrir une paracorde justement, au cas où. Elle était verte kaki. Elle lui tendit.
- Je ne sais pas si tu aimes avoir un bracelet, mais une paracorde ça peut toujours servir, je pense en tout cas. Et des casquettes aussi. J’ai pris des casquettes.
Dit elle tout en conduisant comme une cheffe. Bon, peut être un peu sec … mais à sa décharge, là où elle vivait avant il n’y avait pas de route … C’était peut être aussi pour ça que le passage à gauche (si je me trompe pas) ne l’a gêné pas plus que ça.
- C'est un bracelet fait en corde, si tu en as besoin, il suffit de le casser pour défaire les noeuds et avoir une corde solide, à son niveau, de deux mètres 60.
Elle en avait plusieurs aussi. Pas au poignet, puisque le bracelet en cuir terne et recouvert, cachant la pierre d'obsidienne d'Annie s'y trouvait... mais elle en avait accroché à son sac, à sa gourde, et même à son rétroviseur.
- Comme ça ::
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Et m'envoler là bas vers les premières lueurs
Squalala, nous sommes partis, comme dirait l'autre. Je me cale dans mon siège, la voiture est plutôt confortable, et je me laisse déjà bercer par les paroles de ma future prof d'escalade. Elle va bien. Ca me réjouit. Son énergie me fait un peu peur, mais d'une façon positive. Je sais pas comment dire. Je me sens comme paralysé d'autant de motivation, comme emporté, sans l'illusion que je pourrais vivre à travers ce corps d'une personne sportive, qui a l'air d'aimer ça. Si je pouvais être comme un petit wagon et m'accrocher à cette locomotive d'énergie, ce serait bien. Après, les plans sur la comète, je peux vraiment comprendre. Je passe ma vie à inventer des trucs, tester toutes les possibilités d'univers possibles, rien que dans ma tête. Je pense juste que mes fantasmes et mes rêves sont moins proches de la réalité que ceux de Cadno. Moi je vais m'imaginer voler au dessus des montagnes, ou alors être aussi badass que Merida dans Rebelle au point de pouvoir monter des sommets sans aucun équipement, au calme. Ouais parfois, j'ai envie d'être une princesse Disney, j'vous emmerde.
Bref même si je suis un gros flemmard de merde, je peux vraiment comprendre la blonde qui est allée explorer tous les chemins d'escalade possible, fantasmer d'avoir le temps et la force de tous les faire, se délecter d'avance des beaux paysages, du vent sur la figure, idéaliser sans penser au fait qu'on se réveillera demain avec des courbatures. Ca, je peux m'y accrocher, rejoindre la quadra dans ses plans fumeux. Je ris un peu.
- Ca va, pas assez dormi j'crois, mais ça ira hein. Du coup tu m'emmènes où ?
Sur une comète ? Allez, ce serait pas méga stylé, aller faire de l'escalade sur une comète ? J'adorerai. Qu'on puisse aller dans l'espace, comme ça, juste comme on décide de prendre le train pour aller dans la ville voisine. Quand j'étais petit, j'ai connu la déception de ma vie, on m'a dit que j'allais monter dans un Espace et ben, bim, c'était qu'un modèle de voiture Renault. Nul.
Ce qui n'est pas nul, en revanche, c'est le fait que Cadno a faim. Ca me rassure, pas de gâchis en perspective, pas trop de moquerie. Faim de loup, qu'elle dit, c'est marrant, ça me rappelle notre conversation sur les animaux préférés. Un moment cool. Apprendre à connaitre les gens comme ça, quand c'est léger, tout doux, j'aime bien. En plus elle fait une référence à notre rencontre, le film 127 heures. C'est vrai que ce serait un bon atout pour survivre, tiens. Mëme si c'est un coup à être écoeuré du sucré. Mieux vaut que mourir. J'suis plus gras que sucré t'façons. Un bon burger surpassera toujours des chouquettes. Même si c'est bon les chouquettes.
Je me laisse aller à rire à la ref de Cadno et je demande :
- Tu veux un truc ? Pancake, pain au chocolat, shortbread millionaire ?
Je peux le lui tendre et elle le grignoter pendant qu'elle conduit, ça se fait. Perso, j'y arrive.
Elle me fait un clin d'oeil et ça me fait sourire en baissant les yeux, parce que j'suis qu'un ado timide, au fond. Pouah ça craint qu'à plus de trente ans, je me voie encore comme un ado. Mais sérieusement, qui pourrait me prendre pour un vrai adulte ? Je suis un peu comme Pinnochio, j'suis sûr que si j'affirmais haut et fort que j'étais un adulte, mon nez s'allongerait. Je sais c'que j'ai avec Disney aujourd'hui, tiens. Ca me donne envie de faire un marathon de classiques et de Pixar. Ok, je ferai ça en rentrant quand je serai claqué.
Je sursaute un peu quand elle me dit qu'elle a un cadeau pour moi. Hein ? En quel honneur ? Meuf, c'est moi qui devrait te payer un pressing ainsi qu'un café et une boite de chocolats. Tu t'es coltiné ma crise d'angoisse, t'as bousillé tes vêtements et j'ai été super chelou tout le long de notre rencontre. C'est quoi le plan ? Tu m'adoptes, c'est ça ? Je serre les dents en suivant sa main qui ouvre sa boite à gants et en sort un genre de bracelet tressé. Ah ben, on se fait des serments de meilleurs amis maintenant ? Tu m'as trouvé une amulette pour me protéger des fantômes ? Et moi j'ai rien. Ok, j'aime mes pancakes et mes viennoiseries, mais c'est pas vraiment un cadeau. C'est ma tentative de politesse. Je panique. Je paniiiique. Respire Nono, respire. C'est qu'un bout de corde. Le truc vert kaki me tombe entre les mains. Le pire, c'est que je pourrai le porter. J'ai pratiquement pas de bijoux, parce que personne pour m'en offrir. J'ai une vieille gourmette trop petite pour moi que je garde dans le tiroir de ma table de nuit parce que c'est un cadeau de mes grands-parents paternels. Que j'aime au fond même si c'étaient des vieux cons.
Bref. Y a pas trop de bijoux que je me verrais porter, mais ça, ça irait. C'est discret, c'est une couleur que je porte. Ca fait un peu badass. Vaguement. Est-ce que je n'ai ne serait-ce que la capacité d'être badass ? Même le nom est badass. Paracorde. J'sais pas trop ce que c'est, mais un truc de gens qui font de l'escalade, j'imagine. C'est marrant. Genre c'est supposé joindre l'utile à l'agréable ? Ou bien ? Maintenant elle me parle de casquettes du coup j'suis perdu. Je regarde dehors. Y a pas mal de nuages, c'est l'Ecosse au mois de Novembre. Pas sûr que ce soit méga utile, mais je la crois, c'est elle qui s'y connait. Elle s'y connait, donc elle m'explique l'utilité de son cadeau. C'est bien ce que j'avais pensé. Un truc badass de warrior. Tu le casses et t'as une longue corde. J'imagine que ça peut être utile dans... Des situations ? La pensée glauque qu'il faut pas offrir ça à un suicidaire qui sait faire un noeud coulant me traverse l'esprit. Mais bordel Enoch. Sourit, dis-merci. J'ai l'impression d'entendre ma daronne dans ma tête.
Mon attention est attirée par une corde similaire, bleue ciel, qui pendouille au rétroviseur. Je regarde le poignet de Cadno. Elle a un vieux bracelet en cuir, mais ne porte pas de paracorde au poignet. Peut-être que moi aussi je devrais lui offrir un bracelet. Mais un autre type genre... En métal peut-être ? C'est cher non ? J'sais pas. Un truc un peu solide avec un renard comme charm. Est-ce que ça ferait gamin ? J'vais attendre de mieux la connaitre je crois. Et puis quelle idée de faire des cadeaux à des quasi-inconnues. Je pense vraiment n'imp. Calme toi esprit de moi. Mais j'suis tout gêné. Je regarde longtemps le bracelet dans mes mains. Je le trouve joli. Stylé. Je mérite pas. Mais je souris à Cadno et je lui dis :
- C'est super, merci. Peut-être qu'après aujourd'hui je saurais à quoi ça peut servir.
Je fais un sourire insolent et lâche un petit rire, toujours gêné. Je trouve mon rire un peu débile, c'est pour ça. Mais passons.
- C'est bête j'ai rien pour toi.
Si, la bouffe. Mais j'ai pas trop envie de me la ramener en mode "regarde comme c'est trop cool ce que j'ai fait" alors que c'est un genre de simple décence basique. L'attention de Cadno m'a comme transpercé le coeur, c'est juste adorable. Peut-être qu'elle pense que j'ai besoin de matos de survie. Clairement c'est le cas. Mais plus des trucs genre, des tips pour apprendre à affronter le monde, la vie. Si ce genre de kit existe, je veux bien.
Bref, j'suis re-gêné et je regarde mes mains, puis les mains de Cadno sur le volant, puis le paysage qui commence à défiler par la fenêtre. C'est bientôt l'aventure. Et ça c'est trop cool. |
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Cadno était attentive à la route … mais elle ne pouvait s’empêcher de vérifier que son ami ne fasse pas une nouvelle crise. Elle sourit à chaque fois qu’elle remarquait que ce n’était pas le cas.
- après notre sport, il faudrait que tu te fasses masser, détendre tes muscles, ainsi tu dormiras peut être un peu mieux.
Elle ne proposa pas de le faire elle-même, ce qu’elle pourtant, puisqu’elle se doutait que l’homme ne voulait pas être toucher. Un jour peut être. Cadno savait masser parce que c’était le net plus ultra pour pouvoir repartir de bons pieds quand on était fatigué. Après le sport, le fait de masser des muscles endoloris permettait de diminuer la douleur du à l’effort.
- Et je t’emmène à la colline du macabé. Ne t’en fais pas, j’ai demandé vérification aucun fantôme. On appelait cela car une époque, c’était un cimetière, mais pendant des crues, il a été vidé pour faire des catacombes plus au nord. A l’époque, les gens pensaient que se faire enterrer avec le soleil levant en face de leur tombe permettait d’atteindre le paradis. Je trouve ça classe. Un peu glauque, mais classe.
C’était un plateau en réalité. Le plateau était à grimper, à escalader, et permettait donc de finir donc sur une surface plane. Elle avait fait vérifier, pas de fantômes restant de la guerre du golf, pas une marque … d’ailleurs, si le drone de vérification topographique ne s’était pas trompé, il n’y avait même plus de trace du cimetière. Ne restant plus que, dans le haut du plateau, une petite forêt de buisson sauvage. C’était la meilleure solution qu’elle avait trouvé pour voir les compétences d’Enoch et les juger …ensuite, elle avait plus dur. Par exemple, de la spéléologie … il fallait qu’elle lui demande subtilement plus tard s’il avait peur des endroits confinés. Quand il proposa de la nourriture, elle se dit qu’elle avait super faim et qu’elle allait peut être l’épouser pour son choix de grignotage !
- Trois de mes desserts préférés … Va pour le shortbread ! J’adore ça, et la dernière fois que j’en ai mangé un c’était il y a trop longtemps. Et toi tu ne manges pas ?
Cadno avait une particularité, qui donnerait des envies de mettre à plein de monde, elle faisait tellement de sport, tout le temps, qu’elle n’avait pas à se priver … alors manger était parfait. Son cadeau offert, elle sourit alors qu’elle vérifia si elle pouvait tourner.
- j’en ai plusieurs, si tu veux je te montrerais en utilisant l’un des mien.
Une fois, elle l’avait utilisé pour faire une ceinture. Parce que courir après des vilains braconniers avec un pantalon qui se baisse … c’est pas cool. Elle lui fit un sourire.
- Je ne te fais pas un cadeau pour avoir quelque chose en retour tu sais. Et puis, tu acceptes de m’accompagner pour escalader, c’est déjà un grand cadeau.
Cadno était le genre avec qui il ne faut PAS faire le marché, ou les boutiques, ou le shopping. Quand elle était avec quelqu’un qu’elle aimait, elle pouvait acheter absolument tout ce que la personne avait dit vouloir et ne rien prendre pour elle. Et ne pas trouver cela dérangeant le moins du monde. Heureusement, elle ne faisait jamais très souvent les boutiques.
Elle finit rapidement par se garer dans une zone de parking en face d’une forêt. Il y avait un homme à l’intérieur d’une petite boxe. Il fallait dire où ils allaient aller, prévenir du retour théorique et prouver qu’ils pouvaient le faire, et Cadno avait tout préparer.
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We have gone to the country in your old car
Je lâche un ricanement mi-gêné, mi-moqueur. Mais bien sûr. Il est pas né celui (ou celle en fait) qui me fera m'allonger sur une table de massage, ou même sur un lit pour faire des trucs chelous avec mon corps. C'est déjà assez compliqué d'arriver à se déshiniber assez pour le sexe. Et au moins le sexe y a ce besoin, cette envie pressante. Le massage, bof. C'est juste confusant.
- Il faudrait que je sois sacrément défoncé pour que je me laisse masser, dis-je dans un ricanement, tripotant mon super nouveau bracelet en paracorde.
Y a pas plutôt des étirements à faire ? Sinon je me plongerai dans un bain chaud avec cette mixture de bain cheloue offerte par ma tante Irène à Noël dernier. Elle est fou Cadno. De toute façon, moi, si j'arrive pas à dormir, un petit joint et hop. Je fume plus beaucoup de weed, mais quand il y a une douleur quelconque ou des insomnies, c'est ce qui marche le mieux.
Heureusement, on passe vite au sujet suivant qui est beaucoup plus intéressant et beaucoup moins embarassant puisqu'il s'agit de notre destination. Et là je me dis que certainement qu'elle a voulu me faire une mauvaise blague. Vraiment ? Ca s'appelle la Colline du Macchabé ? Et y aurait aucun fantôme là bas ? Mouais. Bon allez. Faire confiance Enoch, faire confiance. Ne pas être vilain avec Cadno. Elle est marrante celle-là quand même. Elle est fou aussi un peu. Ouais, c'est ça. Elle est fou Cadno. Je trouve que fou ça fait plus affectueux que folle, bizarrement. De toute façon en anglais y a pas de distinction.
Tellement fou donc qu'elle connait toute l'histoire du lieu. Je crois que j'en ai vaguement entendu parler, mais certainement que le nom m'a tenu à distance. Tant mieux, je suis contente de découvrir un nouvel endroit avec elle. Ce sera bien. Pas de fantômes elle a dit. Elle l'a dit, alors elle doit avoir raison. Et puis certainement qu'elle n'a pas fait ce choix au hasard, mais pas non plus pour m'embêter hm ? Peut-être à cause de la vue, ou du soleil ? On verra.
- Ok... J'espère que c'est vrai. C'est vrai que c'est un peu classe mais pourquoi cet endroit ?
Au moins, j'ai visé juste quant à ses goûts en matière de petit-déjeuner/snacks. D'ailleurs, préjugés obligent, j'aurais plutôt parié sur le fait qu'elle serait une meuf hyper healthy, du genre à manger que des pokebowls et de la superfood, possiblement végétarienne ou vegan vu son amour profond des animaux, et surtout, rien de trop calorique. C'est vrai quoi, elle est mince et plutôt athlétique, de ce que j'ai vu MALGRE MOI lors qu'elle s'est foutue en brassière dans le refuge.
Bref. Avec tout le sport qu'elle doit faire, ça me rassure plutôt de savoir qu'elle ingère du sucre. L'anorexie, c'est vraiment un truc qui me fait flipper. Je dis ça, quand j'allais mal j'oubliais de manger. Mais c'était pas vraiment volontaire. Peut-être que ça compte quand même comme trouble du comportement alimentaire ? Purée je m'en pose des questions cons de si bon matin.
Je fouille dans mon tupperware et lui tend le shortbread demandé.
- Tiens.
Visiblement, il est important pour elle que je mange aussi, et tant mieux parce que je commence à avoir la dalle. Je la rassure donc en sortant un pancake de leur papier alu et en l'enfournant dans ma bouche :
- Chi, chi, t'inquchiètes.
Oui je parle la bouche pleine. J'ai aucun respect. Ils sont pas mal ces pancakes. Assez épais, moelleux, ils pourraient quand même être un peu plus fluffy. Bon, bref, ça va quoi. Pour les shortbreads, je me fais pas trop de soucis parce que j'ai été supervisé par Granny, il y a donc de la qualité derrière le processus.
Cadno me dit qu'elle pourra me montrer comment utiliser la paracorde en utilisant l'un des siens, car elle en a plusieurs, car elle est fou. J'ai un peu hâte de voir comment ça fonctionne quand même. Après tout, je sais déjà faire des noeuds grâce à la navigation, alors ça devrait pas être trop dur... J'imagine.
Elle me sourit puis me dit qu'elle ne m'a pas fait de cadeau pour en obtenir un en retour. Ok, l'argument se vaut, ça se tient mais je m'en doutais, hein. C'est juste que... bah, c'est plutôt elle qui mérite un cadeau. Pour sa patience et son courage. Et son humour un peu douteux.
J'trouve ça fou qu'elle considère ma compagnie comme un cadeau. Ca me tue. J'ai du mal à le croire. Je lâche un petit éclat de rire. C'est chouette quand même. Cette sortie, Cadno, tout. Je bois au goulot de la bouteille de jus d'orange et me demande si j'ai envie d'entamer mon pain au chocolat maintenant. Comme j'arrive pas à me décider, je réponds avant.
- Ahaha, ok, si tu le dis.
Oui on a fait mieux. Moi et mes phrases inutiles. Je suis vraiment une énorme avancée pour l'espèce humaine.
En tous ca son arrive, Cadno se gare, et j'essaie de décider quoi emporter et de la façon la plus stratégique de le faire. Si on marche beaucoup, j'suis pas sûr de vouloir me trimballer trois thermos. Du coup je descend de la voiture, une partie de mon bordel dans les mains et je demande, perplexe :
- A ton avis, on emmène quoi ?
J'ai l'air d'un gosse qu'on emmène en excursion, c'est ridicule. En même temps, pourquoi j'ai pas pensé à tout ça avant ? Je sais pas comment j'ai réfléchi. Peut-être que j'ai pensé qu'on pique-niquerait avant de se lancer dans l'escalade, peut-être juste que j'ai pas pensé, ce qui m'arrive souvent ou plutôt, je pensais à des pancakes de l'espace volant comme des météorites plutôt que de me concentrer sur la réalité. C'est fort possible. |
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![]() Escaladons la montagne Il parait qu'il faut se bouger le cul pour être en bonne santé
Cadno sourit à la manière qu’avait eu de répondre Enoch. Elle lui lâcha un regard rieur alors qu’elle l’imaginait assez bien défoncé se faire masser. Elle, elle aimait bien. Elle trouvait cela agréable… bien qu’il avait raison dans son silence … il fallait qu’elle connaisse bien la personne, sinon elle ne serait pas à l’aise. Elle sourit.
- Personnellement, je trouve que c’est agréable. Et j’aimerais pas être défoncer quand on touche mon corps avec de l’huile.
Non… Merci… Elle avait bien besoin d’avoir toutes ses capacités mentales et physique pour faire regretter à quelqu’un qui voudrait en profiter. De plus, pas besoin d’être coucher, elle pouvait aussi masser des mains, seulement, ou des épaules … et se faire masser les mains par une personne qui savait le faire, c’était super… Elle se promit qu’elle essayerait de le prouver à l’homme un jour. Pas aujourd’hui. Elle espérait aussi que le manque de fantôme soit une vérité … si on lui a menti et qu’elle faisait souffrir Enoch, elle se le pardonnerait pas, et elle pardonnerait pas à l’autre personne.
- C’est un plateau. Tu as plusieurs zone toute autour pour grimper, avec plus ou moins de difficulté, et c’est plus simple alors pour grimper, redescendre et recommencer si on en envie.
Oui. Malgré le nom, elle pensait que c’était le meilleur moyen de savoir les capacités de son ami, et voir le niveau qu’il obtenait. Elle sourit en prenant le shortbread. Elle le mit dans la bouche, et elle ne pu s’empêcher un bruitage pour dire qu’elle aimait. Elle écouta l’homme qui mangeait aussi et rigola.
- Che troch bon !
Dit-elle la bouche aussi pleine… Elle pourrait s’en manger des kilos sans jamais s’en lasser … peut être que son foie en aurait marre, ça oui ..;elle ? Non… Heureusement pour tout le monde, elle était nulle en cuisine et la seule et unique fois ou elle avait essayé de faire une pâtisserie, elle avait foutu le feu à la cuisine. Paul lui avait alors interdit l’entré à vie. Paul la nourrissait à l’époque, et ils avaient même la blague qu’elle disait avoir faim comme le ferait un animal… en râlant. Elle fronça les sourcils.
- Je le dis. J’ai l’impression que tu sous estimes ton intérêt mon cher, tu es bien plus cool que tu ne le crois.
Elle, elle était qu’une femme qui parle d’animaux et d’Afrique. Elle ne disait pas être inintéressante, mais elle ne se trouvait pas drôle, ou marrante … Elle était juste une source de savoir en aventure. Enoch lui arrivait à trouver des choses à dire, assez marrant et juste ses réactions étaient mignonnes et drôle. Une fois prêt à partir, elle prit un sac ainsi qu’un des sacs d’Enoch.
- Il y a une place, en bas du plateau, pour pique-niquer. On peut tout apporter là-bas, manger tranquillement, faire de l’escalade et revenir, qu’en penses-tu ?
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Où allons nous ?
Je remue mes lèvres pincées en une moue dubitative. Elle a pas tort putain. Même si je ne reviendrai pas sur ce qui est, il faudrait m'attacher ou me droguer pour arriver à me masser mais j'avoue, méga cringe en fait, se faire tripoter le corps pendant qu'on est défoncé. Brr. Un frisson me parcourt le corps et je hoche vivement la tête, essayant de chasser tout un tas d'images désagréables de ma tête, les yeux écarquillés, machonnant mon pancake de façon machinale. Wah, comment ce serait chelou.
Bref. Le paysage est toujours aussi joli -et un peu brumeux-, la voiture avance, je me sens étrangement en sécurité, Cadno me parle de l'endroit où nous allons. J'aime bien. Tranquille. Je suis faciné par son esprit pratique. Elle a prévu de m'emmener à un endroit à différents niveaux, donc où il y aura forcément (j'espère) des parcours adaptés à mon niveau débutant. C'est magique. Elle a vraiment tout bien préparé. Respect.
- Ah ouais, mais trop bien pensé. Ca a l'air cool.
On est tous les deux comme des glands à grignoter nos chochonneries du matin, deux imbéciles heureux, un plus imbécile que l'autre, faut bien l'avouer. C'est sympa. Je me sens comme un gosse qui se laisse porter, encore légèrement endormi, parti pour l'excursion du week-end, pour l'aventure. Yeaaaah.
Elle se met à rire de mes mauvaises manières et m'imite, au final, complimentant le shortbread qu'elle a dans la bouche. Bah ouais bien sûr que c'est trop bon, ma mamie m'a aidé à les faire tiens. Mon visage se met tout seul à afficher un grand sourire à la quadra, parce que les gens qui ne se prennent pas au sérieux, c'est cool. Je pense que j'ai déjà assez souligné le fait que Cadno est cool. Si quelqu'un lisait mes pensées il finirait vraiment par se faire chier.
Je finis par rigoler de bon coeur avec elle tout en regardant la route, la bonne humeur finissant par me gagner, toute pensée de macchabé effacée de mon esprit.
La conversation se poursuit et mon ego se gonfle de fierté parce que ma compagne du jour me dit que je suis cool. Eeeeh ouais. Elle dit que je me sous-estime. C'est possible. Mais l'expérience m'a appris qu'il vaut mieux se sous-estimer que le contraire. On risque moins de déceptions. Et puis j'ai pour habitude de ne pas croire facilement les compliments, trop d'hypocrisie dans ce monde. J'ai du mal à imaginer que Cadno puisse être hypocrite, mais on ne peut pas écarter la possibilité. Si ça se trouve, elle a prévu de me jeter du haut d'une falaise pour me tuer parce que c'est une psychopathe. Je m'imagine la scène comme dans le Roi Lion, quand Scar tue Mufasa, et je ricane doucement. Bon d'accord, j'ai du mal à prendre tout ça au sérieux, c'est que je me détend un peu. Tant mieux après tout. Au pire je meurs. Au pire.
Faut pas avoir peur de la mort.
- Ben... J'vais essayer de te croire alors. Qu'est-ce que tu trouves cool ?
C'est le mieux que je puisse faire, Cadno. J'suis désolé. Un peu désolé. Je suis sincèrement curieux de savoir ce qu'elle trouve cool chez moi, ou en général, dans la vie. Certainement les gros pachydernes et les petits insectes mignons. Et les grosses montagnes. Certainement aussi les pâtisseries au chocolat. Voilà en gros le résumé de ce que j'ai appris concernant les goûts de notre garde forestière. C'est pas ouf. Mais sans doute qu'aujourd'hui marquera une certaine évolution dans notre relation, hm ? J'imagine. J'essaie de pas m'emballer et de pas m'imaginer qu'on va devenir des super potes, c'est dangereux ça. Juste profiter du moment, ok, descendre de la voiture, empiler les sacs dans mes bras et suivre le mouvement.
Cadno m'explique qu'il y a un endroit où on peut se poser pour pique-niquer, me propose d'y aller avant de commencer à grimper. Oui. J'approuve. J'accours derrière elle en hochant frénétiquement la tête, ledit pique-nique bringuebalant dans les bras.
- Ca me va ! Je te suis.
Comme pour approuver mes paroles, mon estomac émet un grognement. Ouais. Y a beaucoup de café qui est en train de circuler dans mon organisme, assez peu de nutriments. Et quelque chose me dit qu'il va m'en falloir aujourd'hui. Ce sera mis à meilleur escient que durant un week-end PS4-Canapé, arrosé de bière et ponctué de chips. Ce qui est bien, c'est que malgré mes inaptitudes sportives, j'ai pas le vertige. Pourtant, j'ai peur de tout un tas de choses. Du noir, des fantômes, de la mort, de la fin du monde, de la foule... Mais pas du vide. Tant mieux pour moi et tant mieux pour Cadno, qui n'aura pas ça de plus à gérer.
Nous arrivons à l'endroit évoqué par la blonde et je pose mon fatras à terre, sortant de mon sac un vieux plaid que j'étends à terre. Ouais on est comme ça nous, on fait des pique-niques début décembre en Ecosse. Personne ne peut nous tester. Je sors tous les thermos, le jus d'orange, la salade de fruits, deux trois couverts que j'ai pris au hasard dans un tiroir. J'ai pas de vaisselle de pique-nique, faut pas abuser.
Soupirant de bonueur, je me laisse tomber sur les fesses avant d'enfourner l'extrémité d'un pain au chocolat dans ma bouche.
- Bon appétit !
Je bois une gorgée de jus d'orange à la bouteille et me sert une tasse de café dans le couvercle d'un des thermos. Je suis franchement content et ça se voit à mon appétit. Heureusement que j'ai l'impression qu'elle est un peu comme moi à ce niveau. Ce qui ne l'empêchera sûrement pas de me charrier tiens. |
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HRP – Encore désolé pour le temps de réponse :’(
Cadno sourit à sa manière de … bouder ? Ce n’était pas exactement le terme, mais ça avait eu le don de la faire sourire d’une oreille à l’autre. Ouais, il était très certainement en train de visualiser quelque chose qu’il ne devait pas … et ça ne pouvait que la faire rigoler, de manière bienveillante bien sur !
- J’espère que ça sera cool, sinon je vais bouder moi aussi.
Et quand elle boudait contre elle-même, elle avait l’habitude de se disputer à voix haute aussi … et ça peut de monde avait envie de l’entendre. Cadno était très gentille, mais elle n’était pas tendre avec elle-même quand elle devait se remettre en question. Elle lui lança un regard. Essayer de la croire ? Elle avait l’impression d’entendre Paul aussi… jamais les deux doivent se rencontrer, elle en deviendrait folle certainement.
- Pleins de choses Enoch. Tu es naturel, tu es simple, tu dis ce que tu penses, ou une partie. Tu es gentil, et tu es drôle. Je ne vois pas pourquoi quelqu’un oserait ne pas te trouver cool. Je pense que j’aimerais plus d’amis comme toi.
Elle avait peu d’amis en réalité. Aucun en Amérique d’ailleurs … si cela ne montre pas son incapacité sociale à avoir de vrais amis, qu’est ce que ça montre alors ? Elle a beaucoup de connaissance, elle a beaucoup de personnes qu’elle côtoie… mais d’amis ? Elle avait Paul. Et Lawrence, même si c’est un rhinocéros … Une fois installé, elle sourit encore en regardant Enoch.
- Et ta joie aussi. C’est communicatif, ça aussi c’est cool ! Je pense même que les animaux que tu dois aider doivent le sentir.
Dit-elle alors qu’elle prit un verre de jus d’orange et qu’elle prit aussi un autre shortbread … elle le prenait discrètement pour ne pas ressembler à une mort de faim … surtout qu’elle avait faim, mais que c’était la gourmandise que la pousser à le faire délicatement … alors qu’elle avait envie de l’avaler. Elle sourit à Enoch.
- Bon appétit à toi aussi. N’oublie pas de mâcher.
Dit elle en se moquant, un peu. Elle croqua dans la patisserie. Elle allait avoir besoin de force pour faire de l'escalade ! Elle avait hâte de pouvoir grimper avec Enoch !
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The flower said I wish I was a tree, the tree said I wish I could be a different kind of tree
Je ris de bon coeur. J'aime bien que Cadno se laisse entrainer par mes enfantillages. On est donc d'accord tous les deux pour vouloir passer un moment cool. C'était déjà ça. Et si on se retrouvait à bouder tous les deux, alors peut-être qu'on finiraient par en rire.
Plus les secondes passent, plus je me sens bonne humeur. Pas question en réalité de bouder, donc. Faire semblant seulement, peut-être. J'en suis loin en réalité, alors que j'enfourne un autre pancake dans ma bouche, sitôt assis sur la couverture de pique-nique. Il fait pas beau, c'est tout brumeux et on est en décembre mais bizarrement, j'ai pas froid. Faut dire que j'en ai vécu des hivers ici. Ceci dit je me croyais quand même plus chochotte que ça. Je sais pas si l'endroit où on a grandi ou dans lequel on a passé beaucoup de temps signifie quelque chose en termes de résistance au froid. Si oui, Cadno doit avoir du mal, elle qui a vécu en Afrique... Mais ça n'a pas l'air. J'ai l'impression. Je crois. Mes sens peuvent toujours me tromper. J'ai pas confiance en eux. Sans compter le fichu don. Là c'est même pas une question de confiance ou pas. C'est une question de je-ne-veux-pas-de-toi-dans-ma-vie. Bordel. Mais faut pas que j'y pense maintenant, pas que je me laisse pourir la vie par ce truc.
Je tombe des nues lorsque la garde forestière commence à répondre très honnêtement à ma question. Enfin honnêtement. Je sais pas, je lis toujours pas dans les pensées. Mais ça a l'air en tous cas, parce que ça sort comme ça. Elle me tue cette meuf. La plupart des gens n'auraient pas su quoi répondre, se seraient embrouillés dans leurs mots. Naturel, je sais pas faire autrement. Simple, je sais pas. J'ai toujours l'impression que le monde est trop compliqué, c'est peut-être parce que je suis simple ? Mais dans ma tête c'est l'bordel aussi. Peut-être que je me noie dans un verre d'eau ?
Et puis elle me trouve gentil, c'est vrai. Mais parfois j'suis une teigne, parce que j'ai peur des gens, j'ai peur de trucs, du grand méchant loup, d'être mangé, happé par le monde qui est fait de bitûme et de plans foireux. Bref, gentil, ouais, avec Cadno, parce qu'elle m'a pas fait mal pour le moment. Peur un peu, mais ça va. Pour l'instant j'suis gentil. Drôle des fois, ça arrive. Ca dépend si on est réceptif. Visiblement elle l'est. Elle, elle est virulente. Elle parle avec des grands mots, elle me fait marrer, elle me met en confiance un peu, et c'est pas simple. Mais qui es-tu Cadno pour vouloir plus d'amis comme moi ? Je m'étouffe avec une gorgée de jus d'orange et je ris :
- Mais ! Aha ! Je suis pas sûr que tu voudrais de plus d'amis comme moi. Je suis un vrai boulet hein.
Je dis ça alors qu'on risque de travailler ensemble. Je ferais mieux de fermer ma gueule, vraiment. Elle, elle me parle de joie, c'est fou parce que je me sens globalement plus triste que joyeux dans la vie. Qu'est-ce que je dégage au final ? J'aimerais bien me voir avec les yeux de Cadno, comme ça je pourrait vérifier ses dires. Je pense que je rougis en engloutissant viennoiseries et gâteaux, observant la nappe de camping comme si c'était d'un très grand intérêt.
Certainement qu'elle voit comme je m'empiffre, car elle me conseille de ne pas oublier de mâcher. J'ai envie de me facepalm mais je suis trop occupé à déglutir. Je hoche lentement la tête et essaie de calmer le rythme. Je sais pas trop si je dois la regarder ou pas. Je sais pas quoi dire. Après avoir bu trois gobelets de café je me lance.
- Ils sont comment tes amis ?
Pour éviter de penser au ridicule de ce que je viens de dire, je repense à ce que Cadno a déclaré. Que les animaux sentent que j'ai de la joie ou que je suis gentil. Ce genre de conneries. J'suis pas véto non plus. Je vais pas murmurer à l'oreille des macareux. Ni des chevaux d'ailleurs. Enfin si elle le dit. C'est elle qui s'y connait. J'empoigne un bout de la couverture de pique nique et la tortille dans ma main.
- Si tu l'dis. J'm'occuppe pas si souvent que ça d'animaux. Mais j'aimerais bien avoir un chien.
C'est sorti comme ça. J'en ai pas parlé à grand monde, juste ma grand-mère et Cassis. Je sais pas pourquoi je lui balance ça. Mais j'pense que c'est le genre d'info qui pourrait lui plaire. Après tout, elle aime les bestiaux nan ? |
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Cadno n’avait pas froid … aussi bougeait-elle trop pour avoir froid. Elle était continuellement en mouvement, et même quand on avait l’impression qu’elle était immobile, quelque chose en aille trembler… souvent une jambe, une main qui tape contre la table. Ne pas bouger lui était impossible. Et la chaleur venait avec ses mouvements constants … Même pour dormir, elle ne savait pas resté immobile … On l’avait déjà découvert dans des positions bien étranges alors qu’elle dormait enfant … Par exemple, la tête à l’envers vers le sol et les pieds contre le mur en hauteur … Son tuteur la prenait en photo parfois quand la position était trop étrange pour ne pas la faire remarquer au monde entier, rien que ça.
Alors qu’elle l’avait décrit comme elle le pensait, sans filtre et sans non plus penser à ce que ça dit d’elle, elle souriait. La réponse de l’homme l’a fit sourire encore plus.
- Je ne vois pas en toi un boulet. Qu’est ce qui te fait dire ça ?
Elle se demandait si Enoch avait eu des problèmes, à l’école ou plus tard, sur des gens qui le repoussaient. Elle n’arrivait pas à comprendre pourquoi le repousser. Parce qu’il était médium ? Elle n’était pas très à jour dans cette histoire, mais les médiums couraient les rues non ? Il y en avait un sacré nombre ? Ou alors c’était elle trompé. Elle n’espérait pas qu’Enoch eu ce genre d’intolérance dans sa vie, alors qu’il semblait déjà avoir du mal à supporter sa capacité … mais alors pourquoi croire être un boulet ? Elle ne voulait pas empiéter sur son passé, aussi se promit-elle de ne plus poser de questions, sauf s’il venait à en amener le sujet.
- D’amis véritables, j’en ai peu. J’ai Paul, qui habite en Afrique. Il est adorable ! C’est le genre d’homme qui fait tout pour les autres, qui essaie de modifier le monde et les perceptions des choses. Il y a Lawrence, qui est mon ami bien malgré lui, tu me fais penser à lui, beaucoup, et je pense que c’est une des raisons pour laquelle si je ne deviens pas ton amie, je me sentirais triste. Tu dégages la même chose que lui. Sinon, il y a Amanda et Kyle. Kyle est le petit copain de Paul, Amanda est la sœur de Paul. On était le groupe de grand malade en Afrique. Ce sont eux que je considère le plus comme mes amis ! Je ne leur ai pas encore dit pour Annie et mon nouveau statut de résidente écossaise, pas de honte bien sûr, mais parce que je n’ai pas eu le temps… Je suis bien placé pour savoir qu’ils sont occupés.
Elle sourit encore alors qu’elle essayait de voir si elle avait oublié personne. Elle aurait pu mettre son tuteur dans ses amis … mais il était décédé et le temps n’était pas à la tristesse mais à la joie. Elle lui en parlerait peut-être un peu plus … déjà, elle venait de lui dire vouloir être son ami, n’allons pas commencer à lui faire peur avec les morts qui l’entoure. Et Annie ? Devait-elle lui parler d’elle ? Elle se promit de le faire … ou de ne jamais l’inviter au manoir. Jamais.
- Tu voudrais quel genre de chien ? Tu veux qu’on fasse le tour des SPA pour trouver ton futur chien fidèle ?
Elle, elle était prête à faire le tour du monde pour trouver le chien parfait pour chaque être … bien que les humains eussent bien moins besoin des chiens que l’inverse … Elle ne comprenait jamais les gens qui venaient à abandonner les animaux. Elle le trouvait aberrant. Mais elle savait déjà qu’Enoch n’était pas comme ça !
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Et le soleil se lève
C'est étrange comme parfois certaines personnes sont enclines à vous accepter tel que vous êtes, alors que la majorité du monde entier est un ramassis d'intolérants oppressifs. Wow mais c'est que j'en deviendrais grinçant dites. Pas la peine ce matin, franchement, Nono, on est ailleurs. J'ai très envie de croire que Cadno est différente, comme ma mamie, comme ma pote Cassis. Faut que j'essaie, faut que j'arrête, faut que j'grandisse, faut qu'je... Bref. Voilà quoi il y a un instant présent et il faut le chérir, un peu, ouais, je crois que c'est ça.
Elle me demande pourquoi je suis un boulet alors que c'est évidentévidentévident, mais je me fends d'une tentative de sourire, un clou mal planté qui fait une lézarde dans un mur, montre un peu mes dents.
- Ben, la maladresse, avant tout. Sociale et... physique ?
Je suis pas sûr que c'est comme ça qu'on dit, je tente des trucs et au pire, ça la fera rire. Je suis content de réussir à avoir des conversations avec elle. Possiblement, le fait que ce soit un véritable moulin à parole aide pas mal. C'est vrai. Ca me gêne parfois, mais c'est aussi vachement pratique. Elle raconte, moi ça m'emporte et après c'est plus facile de répondre. Renvoyer une balle. Simple comme ça. C'est vrai qu'en théorie ça devrait être facile de renvoyer une balle. Pas trop pour les brêles en sport comme moi mais j'me soigne. J'essaie.
En tous cas là je l'écoute et je suis surpris qu'elle dise ne pas avoir beaucoup de vrais amis. Je ne dis pas que la quantité prévaut sur la qualité mais j'aurais plutôt imaginé Cadno entourée d'une bonne bande de potes, tous plus rigolos et sympas les uns que les autres. Tout un petit groupe de gens qu'elle aurait rencontré au fil de ses voyages, assez différents mais solidaires entre eux, pas prise de tête. Je sais pas, visiblement tout ça c'est fantasmé.
Ceci dit ses standards sont peut-être plus élevés que les miens, vu qu'elle me cite bien quatre/cinq personnes. C'est déjà une petite bande ça ma foi. Elle mentionne un certain Lawrence, à qui je lui fais penser, ça soulève ma bouche en une petite moue curieuse. J'entends bien le "malgré lui", ça me fait rire intérieurement, je suis sûr qu'il est quand même bien content, ce Lawrence, d'avoir Cadno dans sa vie.
Voilà on y arrive, elle parle d'un "groupe de grands malades en Afrique", un peu comme ce que j'imaginais. Je me demande où sont tous ces gens maintenant, si elle est triste d'être loin d'eux. Apparemment elle s'est un peu éloignée d'eux car elle ne leur a pas dit qu'elle vivait en Ecosse et pour... Annie ? Je ne sais pas qui c'est, ou peut-être que j'ai oublié, j'espère pas, mais alors vraiment pas avoir fait preuve d'inattention envers Cadno qui elle, a l'air de sincèrement s'intéresser à autrui. Peut-être qu'elle l'a mentionnée quand j'étais encore sous le choc du... fantôme, peut-être que j'ai zappé. Merde. Je m'insulte et me flagelle mentalement pendant quelques secondes avant de secouer la tête pour reprendre mes esprits.
- Tous tes amis sont restés en Afrique ? J'aimerais pas rencontrer ce Lawrence, s'il te fait penser à moi.
Je mords dans une viennoiserie pour me donner une contenance, regarde un peu ailleurs et reprends.
- Excuse moi mais... C'est qui Annie ?
Moi je pense sa petite copine. Type, ses potes savent pas qu'elle est lesbienne. Ou bi ou whatever. Elle est pas out quoi et elle a peur de leur dire qu'elle est partie rejoindre une Ecossaise dans les highlands pour câliner des arbres et apprendre l'escalade à un glandu. Ma théorie. Je me demande si Cadno a souffert. Souffre toujours. D'être dans un placard ou... de quoi que ce soit d'autre. Ca me rassurerait qu'elle ait souffert. Ca voudrait dire que potentiellement, elle comprend beaucoup de choses. J'ai salement envie d'une clope mais je me contiens, le petit dèj est trop bon pour être mélangé à de la fumée et puis on va aller faire du sport. J'veux peut-être pas la décevoir, qui sait.
En tous cas elle a l'air de vivre tout ça avec philosophie. Tout le monde est occupé, ça reviendra quand ça reviendra. Je suis d'accord. Il faut éviter de trop attendre des gens.
Je tripote mon nouveau joli bracelet avec nervosité en attendant une réponse, j'ose pas faire aveu de faiblesse en m'excusant si jamais j'ai zappé cet info, pas bien écouté ou quoi. J'ai hâte que ça se résolve par un pardon un quiproquo, un constant d'incompréhension un peu marrant.
Je suis bien content en attendant de répondre à sa question sur mon peut-être futur chien. Je constate également que le matin est toujours un peu brumeux, un vrai bon samedi écossais quoi, j'ose pas trop y regarder pour ne pas me mettre dans la tête des pensées d'esprits virevoltants. Brrrr.
- Je sais pas... Un chien gentil. J'm'imagine pas avec un p'tit chien mais on sait jamais. Oui la SPA, c'était ce que je comptais faire. Ouais bien sûr si t'as envie... tu peux v'nir.
Pas qu'elle se sente obligée quoi. Moi je serais content de l'avoir, parce qu'elle a l'air d'en connaitre un rayon sur les bestiaux, je suis sûr qu'elle serait de bon conseil.
Ce qu'il me faut c'est un chien pour moi, que moi je sois un humain pour lui.
Je constante que je suis rassasié. Cool ça. Même si ça veut dire bientôt la grimpe et ça c'est moins cool. Enfin plus flippant quoi. Un peu plus. |
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![]() Escaladons la montagne Il parait qu'il faut se bouger le cul pour être en bonne santé
Cadno observa son ami et réfléchit un instant. Est-ce que la maladresse était une raison pour se considérer comme un boulet ? Elle ne le savait pas. Elle, elle ne se sentirait pas ainsi, elle le pense. Mais après, elle ne pouvait pas savoir comment fonctionner l’esprit d’Enoch. Est-ce qu’il se sentait ainsi parce que c’était la vérité, et elle ne la connaissait pas encore assez pour le savoir, ou parce que des personnes bienpensantes lui avait trop dit ?
- Je ne pense pas qu’être maladroit en société ou physiquement fasse de toi un boulet. Je pense que pour être un boulet, il ne faut pas faire d’effort, ou s’en foutre, et tu ne fais ni l’un ni l’autre.
Qu’il ose lui dire le contraire alors qu’il fournissait des efforts pour elle. Pas boulet. Point final, elle n’accepterait pas d’autres arguments là-dessus. De toute façon, ne pouvait être un boulet que quelqu’un qui est considéré comme un boulet. Ce n’était pas son cas. Voilà. Elle avait gagné. Elle se sentait cependant un peu triste de la manière qu’il avait de se voir.
- Oui. La plupart sont originaires de là-bas, moi je n’ai que le droit à des périodes en tant qu’employé immigré légalement mais je dois retourner aux Etats-Unis de temps en temps. C’est pendant mon retour qu’on m’a dit de venir ici, dit-elle en pensant ironiquement à la manière dont se sont fait les choses.
Si elle n’était jamais revenue d’Afrique ? Si elle avait décidé de faire fi des lois et restés dans sa petite réserve, même sans papiers légaux ? Hé bien elle ne serait pas là aujourd’hui, elle en était sûr.
- Lawrence n’aimerait pas te rencontrer non plus, dit-elle en pensant à la peur des humains qui tenait Lawrence en alerte jour et nuit, mais je pense qu’une fois la rencontre faite, vous vous entendrez vraiment.
Et puis, pourquoi pas ? Cadno avait bien envie de les faire se rencontrer ces deux-là. Deux personnes brisées, se pensant boulet, et cela même si l’un des deux est un rhinocéros sans corne … ça serait à débattre … comment amener Enoch, et Annie, à cohabiter le temps de prendre l’avion ? A débattre donc. Elle posa les yeux à la question sur Annie, justement. Comment lui expliquer sans qu’il ne prenne peur ? Ou pire, la prenne pour une femme vénale, ce qu’elle était loin de l’être en plus. Elle lui fit un sourire.
- Ne prends pas peur d’accord, elle n’est pas là…. Annie c’est … Mon fantôme adoptif, dit-elle en jouant avec une feuille. Ses parents sont morts, et la fillette de 10 ans est resté ici. Ils ont cherché une parente pour s’en occuper et c’est tombé sur moi. La seule personne en vie dans la famille en quatre générations. A croire qu’elle et moi, on a été maudite question famille…
Elle eut un petit rire sans joie. Quand elle, elle avait perdu ses parents … personne n’avait été trouvé pour la prendre en charge. Heureusement que le patron de ses parents, qui était aussi leur ami, à bien voulu d’elle … sinon qui sais ce qui aurait pu arriver à cette fillette bien trop jeune et naïve pour le monde extérieur. Quand les parents d’Annie sont morts, et avec l’héritage, ils ont réussi à la trouver elle, Cadno, perdu dans son Afrique et ne voulant pas revenir. La vie est injuste souvent. Elle n'avait donc, comme personne de sang relatif à elle, qu’Annie … qui était déjà morte. De quoi déprimer la plus optimiste des personnes.
- Désolée de ne pas te l’avoir dit plus tôt, mais comme tu sembles avoir du mal avec les fantômes, je ne voulais pas que tu penses sortir avec une espèce de malade des fantômes, tellement qu’elle en avait adopté un …
Surtout que fantôme était un gentil mot pour parler du monstre sorti des enfers qui lui servait de tortionnaire. Annie était typiquement le genre de fantôme à rendre un sain, fou et donner l’impression à un fou d’être sain. Elle sourit encore. Imagine un petit chien dans les bras d’Enoch la faisait sourire … elle allait certainement prendre un chien, un gros chien, les balades auraient pu être d’un comique ! Mais s’il aimait les gros chiens, c’était parfait aussi… Enoch réalisait il que ça voulait dire courir avec ? Cadno avait tellement hâte que si la perspective de l’escalade ne l’enchantait pas déjà, elle serait déjà à la SPA.
- Je viendrais avec plaisir ! Il y a toujours un chien parfait pour chaque personne dans les SPA.
Elle lui donna un petit coup dans l’épaule, amical et rien de douloureux avant de ranger ce qu’elle grignotait. Elle s’étire et lui tends la main.
- Allez, allons faire notre sport et nous irons chercher nos chiens ! On se prévoit trop de chose à faire, il faudrait les noter !
Bien qu’elle doute d’oublier ce genre d’idée mais bon, on ne sait jamais, il valait mieux prévenir que guérir non ?
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Throw me living, off the deep-end, while I'm sleeping
Je ne sais pas si Cadno fonctionne comme la plupart des gens. Ce que je sais c'est qu'à chaque fois elle répond comme un bisounours et ça me fait des "bzzz" dans le cerveau. Ca me donne encore un petit rire nerveux, et je commence à tripoter l'alu dans lequel sont emballés les pancakes, puis mon nouveau bracelet, puis mes manches de blouson.
J'pense qu'elle a une beaucoup trop bonne image de moi. Je m'en fous de plein de trucs en vrai. Et j'ai rarement envie de faire des efforts. Faut que je dissipe tout ça avant qu'elle se fasse trop d'idées.
- La plupart des gens méritent pas qu'on fasse des efforts pour eux. Du coup j'en fais pas. Et puis faut que j't'avoue que je m'en fous de beaucoup de choses.
Je serre les mâchoires, prêt à la décevoir. Bon ce sera pas la première personne. Mais pour le coup, je pense que potentiellement, elle mérite qu'on fasse quelques efforts pour elle. La preuve, sinon je serais pas assi là à me cailler le cul en face d'elle. Même que ça m'emmerde pas des masses de l'écouter raconter les règles de l'expatriation ou quelque soit le nom de la règle qui fait qu'on doit sortir d'un pays pour pouvoir y re-rentrer. Ca doit être un peu chiant, quand même. Sauf si tu veux absolument voir des gens dans ton bled d'origine. Dans ce cas, ça fait une occasion. Perso, je sais que si j'étais sur un autre continent, j'aurais un peu la flemme de rentrer en France. Au Royaume Uni, plus, il y a ma Granny. De toute façon, j'ai pas prévu de quitter ce trou perdu.
Je suis pas hyper sûr d'avoir tout bien compris au parcours de Cadno mais au moins, certaines pièces se mettent en place. J'essaie d'oser poser encore quelques questions pour en savoir plus, comme ça n'a pas l'air de la déranger.
- Ils sont de quel pays d'Afrique ? Comment ça se fait qu'on t'a demandé de venir ici ?
En vrai c'est raciste de toujours parler de "l'Afrique" comme si c'était un ensemble bien homogène. Les gens viennent pas juste d'Afrique. Ils viennent du Ghana, du Sénégal, du Maroc, du Cap-Vert, d'Erythrée... Cadno doit bien le savoir, vu qu'elle y a vécu tant de temps. Ce pays là, c'est pas un autre. Ca doit aussi être vachement important pour ses amis. Qu'on dise pas "ah oui lui l'africain". Aux US, j'étais l'européen. Parfois le Frenchie. Et je trouvais les américains débiles de pas connaitre les différents pays d'Europe. Bah moi je suis débile en géographie africaine. Ok en géographie tout court. On a compris.
Puis elle me parle de Lawrence, encore le fameux, et ça me tire un sourire. Un bon gars certainement. Je suppose, s'il est amis avec Cadno et qu'il se méfie des autres. C'est bien de se méfier. C'est safe. Je trouve. Cadno serait sûrement pas d'accord, elle qui a l'air de vivre dans un monde de bisounours. Ok c'est pas gentil mais c'est un peu vrai quand même. C'est pas pour ça qu'elle est pas une personne cool. Mais quand même, je comprends pas comment on peut avoir une telle vision du monde.
Elle pense d'ailleurs que je m'entendrais bien avec Lawrence si on prenait le temps d'apprendre à se connaître. Peut-être. Je suis un peu curieux j'avoue. Je hoche la tête. Peut-être qu'un jour il viendra lui rendre visite.
Un poids me tombe sur l'estomac quand elle me dit de ne pas prendre peur. J'ose à peine encore macher et la regarde avec un oeil de gosse qui a fait une bêtise. Qu'est-ce qu'elle va me balancer à la tronche celle là encore ?
Ca arrive bien plus vite que je ne l'aurais crû et je manque de m'étrangler avec un bout de pancake que je finis par cracher. Plop, par terre le truc, à côté d'un caillou.
- PARDON ???!!!
Un. Fantôme. Adoptif ? Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Qui a eu cette idée de merde de se dire qu'un bébé fantôme a besoin d'un adulte. Jamais je foutrai les pieds chez toi Cadno, jaaaamais, me surprends-je à penser. Pff, comme si elle allait m'inviter chez elle, après tout. Je commence à trembler et recule légèrement sans le vouloir. J'ouvre et ferme la bouche tel un poisson hors de l'eau et cherche des mots. Mais y a plus rien. Tout disparu. Je pose mes restes de nourriture et ma tasse en plastique par terre avant de faire des mouvements hasardeux avec mes bras. Elle s'excuse et je l'entends de façon floue, elle veut me dire qu'elle n'est pas une fanatique des fantômes mais pfff, j'men fous moi, tout ce que j'veux c'est que ça s'approche pas de moi. Je pense quand même qu'elle est folle ceci dit. AAAAAAAAH. Je crie intérieurement et tout mon corps me dit de m'enfuir mais je peux pas, je reste cloué à terre, j'ai envie d'attraper Cadno par le col et de la secouer dans tous les sens. Purée mais t'aurais dû rien dire. Rieeeeen.
- Mais quoiiiii ?
Je sais pas ce que je dis. Honnêtement.
- J'aurais préféré que tu le dises jamais. C'est ta vie tu fais ce que tu veux. Je veux juste que ça s'approche pas de moi. Aaaaah.
Je tremble de plus belle. Je décide de me lever, on va aller vers les rochers, je vais essayer de me sortir l'enfant fantôme de la tête. Allez, on remballe tout. Hop hop hop. J'ai rien envie de savoir, mais le fait d'avoir un fantôme comme gosse adoptif me perturbe de ouf. J'aimerais savoir comment elle en est arrivée là. J'ai grave de la peine pour sa famille. Qui se retrouve dans ce genre de situation ? Quiiii ?!!
Je cours vers un rocher et m'écrase dessus en criant.
-Aaaaaah.
Ca va mieux. Je respire mieux. Je me tourne vers Cadno en essayant d'oublier que je suis quelqu'un. Quelqu'un qui est en train de faire des trucs très bizarres.
- Ok par quoi on commence, chef ?
Ca doit être horrible d'être un enfant mort. Seul.
Cadno dit qu'elle viendra à la SPA alors j'essaie de lui faire un petit sourire et je dis tout doucement :
- C'est gentil.
C'est fou car elle ne s'est pas départie de son enthousiasme de toujours et me dit qu'il faudrait qu'on note ce qu'on prévoit de faire pour pas oublier. Un peu comme des best buddies quoi. On pourrait avoir un carnet de best buddies. Oulala je vais trop loin. Faudrait pas que ça m'ammène à devenir tonton d'un fantôme ça. Brrr. Jamais. Qu'elle la garde cachée ça môme.
Du coup j'arrive re-plus à parler. Je hoche la tête. Effort surhumain. Puis j'arrive à croasser :
- Ok on notera.
Bon allez, au sport, peut-être que ça me fera oublier cett existence de merde. Bordel Cadno, pourquoi t'as dit ça ? |
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Cadno avait ris à la manière qu’avait Enoch de toujours vouloir se justifier, dans le mauvais sens. De toujours vouloir dire qu’elle avait tort, qu’il était un boulet ou qu’il ne faisait pas d’effort. Les actes et les paroles étaient deux choses différentes. Elle lui fit un sourire.
- Arrête, je vais avoir l’impression d’être spéciale si tu continues comme ça, avait-elle dit avec ce petit air joueur et taquin.
Elle n’était pas spéciale. Son travail l’était. L’était, au passé. Maintenant, elle n’était qu’une femme prise dans la tempête administrative des héritages, et n’ayant pas d’autres choix que rester ici. Elle ne le faisait même pas pour l’héritage, mais bel et bien pour le démon des enfers qui était sa « fille ». Cadno sourit alors à la question. Ne pas penser à Annie, cette pauvre enfant en réalité que l’on avait coincé dans un monde qui avancera toujours sans elle.
- Je n’ai pas le droit de le dire. La structure qui m’emploie gère des orphelins animaux, et personne ne doit savoir où ils se trouvent en Afrique pour éviter que les braconniers ne viennent. C’est pour ça que je parle toujours d’Afrique.
Surtout que les braconniers n’hésitaient pas à les tuer, eux humains, pour ensuite tuer les animaux, ou leur faire du mal. Elle n’avait donc, officiellement, pas le droit de dire où il se trouvait … et toutes les personnes employées venant du même pays, c’était un secret de polichinelle. Bien que ses amis soient … Incroyablement fière de leur pays, ils ne pouvaient pas se permettre de râler qu’elle ne parle que d’Afrique. Eux aussi avaient fini par prendre le tic de langage pour éviter de laisser échapper l’information.
Puis la discussion vient sur Annie, elle-même, et Cadno pince ses lèvres de manière désolée vers son ami. Est-ce qu’il acceptera de toujours être son ami après ça ? Elle comprendrait que non. Elle comprendrait qu’il lui demande de ne plus jamais l’approcher à moins de 666 kilomètres. Elle se pinça les lèvres un peu plus fort. Posant un regard désolé, et triste, surtout triste, vers le seul ami qu’elle avait réussi à se faire et qu’elle allait perdre.
Super Cadno, pense-t-elle, la prochaine fois reste en Afrique et n’y sort pas, ok ?
- Elle ne s’approchera pas ! Je te le promets. Elle ne s’approche même pas de moi, la plupart du temps… je voulais juste être honnête avec toi… Ne me déteste pas…
Pourquoi est-ce que ça lui faisait autant de mal d’imaginer Enoch la détester ? Pourquoi avait-elle envie de pleurer à l’idée qu’il ne soit plus son ami ou son partenaire d’escalade ? Elle pensait à Lawrence. Lawrence aussi, elle avait cru le perdre un jour… avec un peu de chance, la même situation se répètera et Enoch ne la détestera que pendant un lapse de temps … Elle le laisse partir en essayant de chercher les bons mots, les bonnes paroles, à enchainer pour qu’il puisse lui pardonner.
Pardonner de quoi ? Je n’ai même pas voulu cette situation !
Elle essaie de se reconnecter, de faire comme Enoch, de faire comme si elle n’avait rien dit, mais elle restait triste. Elle rajoute un sourire sur sa panoplie, comme quand elle doit accepter la mort d’un de ses protégés et dire qu’elle le vivait bien. Paul ne supporterait pas qu’elle continue de pleurer un protégé. Il fallait faire semblant de rien. Elle ouvrit son sac et tendit deux gants à Enoch.
- Maintenant on grimpe mon grand. On est là pour ça non ?
Elle s’approche de lui et commence à l’observer doucement. Est-ce qu’il avait peur d’elle maintenant ? Est-ce qu’il allait vraiment la haïr et prenait sur lui pour qu’elle ne pleure pas, elle ? Elle pourrait réellement pleurer pour la perte d’un ami. Elle lui fit un sourire rassurant et doux.
- Je t’aime beaucoup Enoch, si on doit retenir quelque chose de la journée, c’est ça non ?
Un essai un peu bancal, mais un essai tout de même, pour qu’il puisse oublier qu’elle n’était qu’une femme avec un fantôme à la cheville. Elle voulait aider Annie, la libérer des chaines qui l’emprisonne mais c’était interdit. Annie n’aimait pas vivre cette vie, et elle lui faisait payer, à elle. Cadno n’avait jamais voulu de cette vie non plus. Elle se sentait tellement mieux au milieu des éléphants !
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Will you come back, if I turn and run ?
Je la regarde avec une tête d'ahuri et secoue mes cheveux -qui me tombent dans les yeux, les salopiauds-. Spéciale, spéciale. Oui, je pense qu'elle l'est, spéciale. C'est pas tout les jours qu'on tombe sur quelqu'un si ouvert d'esprit et attachant. Je ne serais jamais parti à l'aventure comme ça avec le premier venu. Clair et net. Oui dans ce sens Cadno est spéciale, mais j'avoue que ça me ferait bizarre de le dire. On arrive rarement vers quelqu'un en disant "hé toi, t'es spécial", que ce soit avec une connotation négative ou positive d'ailleurs.
Du coup je sais pas quoi lui répondre. Du coup je pense que j'esquive un peu. Je hausse les épaules et dit :
- Faudrait pas que tu prennes la grosse tête quand même.
Puis le sujet passe, c'est tant mieux, parce que c'était gênant. On parle des animaux et ça, ça me détend. C'est intéressant ce concept. Je ne savais pas qu'il y avait des réserves dont les emplacements sont tenus secrets. Ca m'intrigue tiens, j'aimerais beaucoup y faire un tour. Evidemment, c'est un fantasme et ça n'arrivera certainement jamais, mais en tous cas ça nourrit mon admiration pour Cadno. Je respecte donc son secret et hoche poliment la tête.
Puis vint la panique, le moment fatidique et j'ai vrillé. Je peux vraiment pas. Les morts c'est non, les morts qui ramènent leurs fraises c'est non non non et les enfants morts qui veulent pas mourir c'est plus non que non je ne sais juste pas exprimer à quel point ça me fait paniquer. J..j...juste je peux pas. Dans mon cerveau assailli de tentacules de mal et de ténèbres, j'ai vaguement la notion que Cadno est une personne bien, qu'elle veut juste faire au mieux, que tout ce qu'elle fait, elle le fait par bonté d'âme. Je peux pas lui reprocher. Elle est folle. Mais moi aussi peut-être. Je fais un milliard de tours sur moi même. Mentalement. Je bondis de partout à l'intérieur, je grouille de pensées toxiques et parasites qui aspirent tout le bonheur que je tente de crééer, parfois, quand j'ai de vagues relents d'espoirs dans la vie. Mon corps lui, il sait pas trop où il en est, c'est un navet, planté là. Il finit par distinguer la voix de Cadno, ça me fend le coeur, un peu paniquée.
Elle veut être honnête, elle s'excuse -pourquoi ? ok, ça fait du bien à mon petit coeur mais rationnellement... non quoi- elle me jure qu'elle s'approchera pas. Je lache un rictus cynique. Mouais. J'ai du mal à y croire, vu la poisse que j'ai et le temps qu'on passe ensemble, mais je vais respirer un grand coup, je vais pas m'enfuir, je vais pas bouder Cadno, je vais pas...
Fiou. Ca commence à se dégager dans mon esprit, de toute façon mon corps est parti en mode escalade -qui l'êut cru ?- et je secoue frénétiquement la tête sans réussir à répondre à Cadno pour le moment. Elle a peur que je la déteste, le mot "déteste" vient tout à coup se planter dans l'arrière de mon crâne et me coupe le souffle. Je m'appuie contre la paroi. Les larmes me montent au yeux.
Respire No, respire.
Y a pas beaucoup de gens qui m'appellent No.
Respire.
C'est ma grand mère ça. Elle a toujours su faire.
Je respire encore un grand coup.
- Je te déteste pas.
Je peux pas faire plus, là, nope, pas possible.
De toute façon je peux pas détester Cadno. Encore une fois, elle m'a rien fait. C'est moi qui suis... Moi. Mais d'un côté les MORTS quoi. Ils pouvaient pas rester chez eux ? Une voix résonne en moi qu'une petite fille se sent certainement pas chez elle dans la mort, quoi que j'en dise mais je la pousse loiiiin, très loin de moi et pose bêtement mes mains sur la roche. Je m'érafle peut-être, je sais pas trop. On grimpe qu'elle dit Cadno. Ok mais, elle est pas supposée me montrer comment ? Enfin moi je veux bien hein. J'agite vaguement les bras et fais mine de poser le pieds sur une prise en la regardant, certainement tel un demeuré.
- Je dois faire quoi ?
J'ai croassé. Vraiment, ma vraie voix est partie, elle s'est barrée devant l'inutilité de mon être et maintenant je devrais m'exprimer en langage corbeau/crapaud. C'est ma punition pour être une immense flippette. Ok.
De toute façon j'arrête vite de bouger parce que Cadno fait encore une fois un truc innatendu qui me fige sur place.
"Je t'aime beaucoup Enoch". Ah oui bien sûr. Tout le monde dit ça comme ça même après plusieurs rencontres hein, deux, ça suffit hein ? Encore une fois, que veut-elle que je réponde à ça ? Oui moi aussi Cadno je t'aime beaucoup viens on va cueillir des fleurs tels deux meilleurs amis ? Non. Au mieux elle aura un poke mais moi je suis pas prêt hein. En plus c'est ambigu beaucoup, beaucoup, a lot... I like you a lot, Enoch. Je t'aime beaucoup, Enoch. Mais pourquoi ??? Je ne fais que me figer, buguer, paniquer, je suis une erreur 404 permanente. Je suis peut-être son nouveau projet social ? Après le bébé fantôme le phobique trentenaire ? Je sais pas, mais je la fixe. Ah ça, je la fixe car je ne peux plus bouger. Certainement même que je la fixe d'un air terrorisé, un air qui dit "mais ça va pas de dire des trucs pareils ma vieille ?". Non mais, je veux dire, faut se contenir un peu dans la vie. Non ? Moi je ne sais pas comment réagir à ça, parce que moi aussi j'ai des trucs... positifs en moi pour cette femme, mais franchement de là à l'exprimer aussi verbalement. C'est un peu au dessus de mes forces.
Sans que je le contrôle, un rire narquois s'échappe de ma bouche et je lance :
- Ah ouais ? Autant que les gros caillous et les rhinocéros ?
Ca sonne peut-être un peu moqueur, méchant. C'est pas ce que je veux. Mais faut surtout que je trouve une réponse. Je suis coincé là.
- Je retiens. Mais du coup ça te dis on arrête de parler de fantômes là maintenant ? Sinon c'est clair et net tout va arrêter de répondre -je vais un large geste montrant mon corps- et je vais tomber. Et peut-être mourir, qui sait ?
Ohlala, mais à 32 ans je sais toujours pas m'exprimer hein. J'ai plus les mots. Jamais eu je crois hein. |
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HRP – En vrai, comme on est que deux, il pourrait carrément venir voir et faire un tour là-bas. Je me dis même qu’on peut se donner des « droits » et laisser cette pauvre enfant tranquille, tu en penses quoi ?
Cadno ne s’était jamais vue comme spéciale. Blanche et blonde, oui, et il ne faut pas oublier qu’elle a passé une grande partie de sa vie dans la réserve et enfermé dans un zoo, mais jamais spéciale. Elle était une petite anomalie dans la matrice de la normalité, et il était bien étrange que l’homme n’ose lui dire. Elle avait donc fait simplement un sourire, en considérant, bien malgré le fait que l’homme n’est rien avoué, qu’il venait de lui faire un super compliment. C’était plaisant. Oui. Elle décida donc qu’elle allait prendre la grosse tête et se sentir beaucoup mieux ainsi pour le reste de la journée.
Fin, elle aurait pu se sentir mieux pour le reste de la journée si elle n’avait pas parlé sans réfléchir… Elle aurait pu mentir non ? Elle n’aimait pas particulièrement mentir. Cela la dérangeait la plupart du temps. Mentir était… ennuyant, malhonnête, gênant, toujours mauvais. Mais elle se dit qu’elle aurait pu faire l’effort pour son ami. Elle aurait dû mentir. Maintenant, c’était trop tard et elle ne savait pas ce qu’elle devait faire pour lui faire comprendre que tout irait bien.
Elle avait compris que plus que la peur, c’était la panique qui naissait dans le cœur d’Enoch. Elle ne voulait pas ça. Se tordant les lèvres, elle réfléchit à la meilleure manière d’exprimer ses pensées. Elle voulait lui faire comprendre que jamais elle, Cadno, ne lui ferait de mal… Et son démon personnel resterait loin. De toute façon Annie ne sortait jamais de sa petite maison tranquille. Parfois, souvent, Cadno se sentait triste pour l’enfant. Elle était aussi vieille qu’elle mais morte, dans un corps d’enfant que l’on ne pourra jamais changer. Elle ne peut pas toucher à un autre vivant comme le ferait un vivant. Elle ne peut pas tomber amoureuse, sortir, avoir d’enfant, se prélasser au soleil en se disant que la vie vaut le coup. Tout ça, tous les plaisirs que d’autres femmes (et hommes) peuvent ressentir quand ils sont vivants.
Elle avait la terrible envie de prendre Enoch dans ses bras. De s’approcher et de le laisser l’utiliser comme un pilier pour se détendre. Malheureusement, elle doute que l’homme ne puisse accepter ce contact. Elle restait une inconnue rencontré si peu de temps avant … et elle était la maman adoptive d’un fantôme. Elle ne s’approcha pas alors, même si ses yeux se posaient sur l’homme avec l’envie qui pouvait se lire dans ses yeux. Elle observa la falaise en s’approchant.
- Il y a des encoches sur la paroi, tu peux les voir. Certaines sont naturels, d’autres ont été fait à partir d’une pioche. Tu dois glisser tes pieds et tes mains à tour de rôle en gardant tes appuis. A intervalle régulier, si c’est bien fait, tu as un hameçon qui a été planté dans la roche, tu y accroches ton propre hameçon. Ainsi tu peux détendre tes muscles. Je serais juste derrière toi, alors si tu tombes je te rattrape, fit-elle avec un sourire.
Elle le rattraperait, elle n’avait aucun doute, mais s’il tombait trop fort, elle tomberait aussi. Elle préférait ne pas y penser alors qu’elle fit un sourire qu’elle espérait le plus sincère et rassurant possible. Dans l’état actuel d’Enoch, peut-être vaudrait-il mieux repousser la séance ? Non. Si elle repoussait elle avait peur qu’il ne veuille plus jamais le refaire. Elle lui tendit des gants.
- On escalade toujours avec des gants, ou du talc pour éviter de ses blesser les mains ou de glisser.
Elle avait aussi glissé qu’elle l’aimait bien et sa réponse la fit rire. Elle mit sa main devant sa bouche. Elle ne voulait pas qu’il pense qu’elle se moque. Non. Pas de lui. Jamais. Mais la réflexion la fit sourire. Cadno avait l’habitude de dire ce qu’elle pensait sans réellement chercher plus loin. C’était juste … elle disait ce qu’elle pensait avant de réfléchir. Elle lança une main vers les cailloux à proximité de ses pieds.
- Je dis pas pour les cailloux, mais si un jour je t’aime autant que les rhinocéros, sache que l’on devra certainement se marier car je te laisserais jamais partir, fit elle avec un air taquin.
Elle sourit. Elle adorait les rhinocéros. L’amour pour cette espèce était tellement importante qu’elle en avait oublié de vivre une vie d’humaine normale. Elle n’avait jamais eu de relation amoureuse. Elle ne pensait qu’à la préservation de ses protégés. Ainsi, si un jour elle venait à préférer un humain à un de ses protégés, cet humain pourrait considérer être à elle, et inversement, pour le reste de sa vie. Vue l’amour qui tambourine dans sa poitrine, si elle venait à aimer quelqu’un sans réciprocité, elle ne sait pas ce qu’elle ferait. Heureusement, ce n’était jamais arriver. Elle sourit. Elle aimait vraiment beaucoup Enoch, comme ça, pour aucune raison. C’était loin de la pitié que l’on pourrait penser qu’elle ressente. C’était une sorte d’attirance amicale qui lui donnait envie de partager ce qu’elle possédait. Elle, elle ne cherchait pas plus loin.
- Homme de peu de foi, reprit-elle en s’approchant pour lui donner un coup d’épaule, je t’ai dis que je te laisserais pas mourir. Mais tu as raison, parlons de rhinocéros, c’est plus agréable, et en plus ils sont plus drôles. Une fois, un bébé rhinocéros avait du mal à se lever, alors un autre à voulu l’aider. Il a utilisé sa corne pour mettre le bébé sur son nez, mais après il a paniqué parce qu’il n’arrivait plus à le faire descendre, c’était adorable.
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What the hell am I doing here ?
A ce stade donc, la meilleure des choses à faire est de se reconcentrer sur la paroi, essayer de faire ce pour quoi on est venu. Grimper. Bon. Une chose à la fois. Essayons. J'essaie de voir les aspérités, les prises dont me parle Cadno. Woooké. Vu d'ici ça a pas l'air si difficile, mais je me méfie. J'ai pas des muscles incroyablement développés non plus. Niveau agilité, pareil. Avant de m'y mettre, je jette un oeil à la garde forestière :
- Et je dois monter jusqu'où ?
Avant de me répondre, elle me tend une paire de gants, m'expliquant qu'il faut toujours grimper avec, ou au moins avec du talc. Ah ok. D'accord madame. Le regard que je lui lance révèle totalement ma totale ignorance de l'escalade sportive. Moi je crapahute vaguement sur des rochers pour observer des nids voyez-vous. Pas plus. Je me suis jamais pris la tête avec le matériel, les règles où autre. Oui, gnagnagna, c'est dangereux, gnagnagna, tu pourrais mourir ou te blaisser, gnagnagna. ZUT. Je zute tout le monde et vraiment je me retiens de pas penser plus vulgaire. Et puis bon, si je suis là avec Cadno, c'est pour apprendre, oui ou merde ?
Merde visiblement parce qu'on est encore en train de papoter. Normal, on finit toujours par dévier du sujet et puis Cadno ramène toujours des gros éléphants -ou rhinocéros- dans la conversation, du type "ah au fait j'ai un bébé fantôme chez moi, lol" ou "je t'aime bien". Il va falloir apprendre sérieusement à se calmer Madame. Je crois qu'elle essaie de dédramatiser la situation mais je serais bien tenté de dire que c'est, comme qui dirait, inefficace. Non contente de rebondir sur ma blague, elle parle carrément de mariage ce qui me fait me rétracter encore un peu plus dans ma coquille de bernard l'ermite. Gênant. C'est vraiment très gênant. Je lui jette un oeil vide. Que dire à ça ? J'entends bien que c'est une blague mais là en mon état actuel je n'arrive pas à la gérer correctement. J'ai envie de lui faire une remarque sur la zoophilie mais j'ai peur que ce soit un peu trop crade pour un début de relation amicale.
Je finis par ricaner :
- Tu risques d'être déçue.
Ca sonne vilain et sarcastique mais c'est juste mon espèce de rejet du mariage et de certaines institutions traditionnelles qui parle. J'ai la bouche sèche. Elle va penser que je suis une personne horrible. J'essaie de me rattraper par un maladroit :
- En tous cas fais gaffe parce que c'est pas très légal d'épouser un rhino.
Bon je pense que maintenant je n'ai plus beaucoup d'échappatoire, je vais devoir grimper hein. Pas que ça me dérange, mais elle me regarde. J'ai l'impression d'être une adolescente qui a peur que son prof lui matte les fesses. Sauf que je m'en fous pas mal de la vue que Cadno peut avoir sur mon postérieur, c'est plus ma future et ridicule performance sportive qui m'inquiète.
Peut-être que comme un médecin qui va vous faire une vilaine piqûre, elle sent ma gêne, car elle essaie de détourner la conversation en parlant de rhinocéros. Moi j'ai rien contre, c'est toujours mieux que les fantômes. Brusquement, je suis pris d'un fou rire en imaginant un bébé rhinocéros porté par un adulte grâce à sa...corne ? Mais que foutent ces animaux ? Homme de peu de foi, c'est sûr que je le suis. Je demande, entre deux éclats de rire :
- Mais dans la panique, le bébé ne s'est pas blessé avec la corne ?
What the fuck animals, seriously. Elle doit en avoir des anecdotes Cadno, certainement qu'on pourrait se faire une soirée pizza-anecdotes et que ce serait fun. J'aime bien les gens fun et pas prise de tête moi. Mais pourquoi c'est si dur de relationner ? J'ai envie de crever. Presque. |
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Menneskelig Pseudo : Cadno Tywyll
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![]() Escaladons la montagne Il parait qu'il faut se bouger le cul pour être en bonne santé
- Tu montes autant que tu le souhaites, fit-elle doucement. Je serais derrière toi.
L’homme avait déjà expliqué avoir grimper la dernière fois. Il était donc peu sujet aux vertiges. Cependant, elle n’en était pas sûr et préférait le faire monter à son rythme que le pousser à faire plus que nécessaire. Elle fit un sourire doux pour aller avec sa réflexion. Il n’y avait pas de soucis avec elle pour prendre son temps. Elle était là pour lui, littéralement. Elle ne serait pas venue ici sinon. Elle avait assez de prise dans la forêt qu’elle gardait pour grimper… mais la zone était plus propice à un entrainement. Et loin d’Annie. Et des fantômes. C’était mieux. Cadno observait Enoch.
C’était à peine comique. Elle avait l’impression de voir un animal sauvage et blessé et elle n’avait aucun moyen pour l’aider à calmer sa peur de l’autre. Enoch semblait ne pas savoir comment réagir face à elle… Elle qui pourtant se vanter d’être une personne assez sociable et qui ne se prenait pas la tête. Elle fit un rire face à sa réflexion sur son mariage avec Lawrence. OK. Elle ne ferait plus de commentaire sur les mariages. Elle le nota dans un coin de son esprit qu’elle sait oublier rapidement. Elle était malheureusement le genre à oublier. Le sourire et le rire de l’homme lui fit du bien. Voilà pourquoi elle aimait les animaux.
- Oh, non. Le bébé avait déjà une peau dure et je suis presque sûr que ça l’a amusé comme un fou puisque les jours suivants, il est revenu à la charge.
Ce qui avait fait rire tout le monde parce que si le bébé avait apprécié le jeu, ce n’était pas le cas de l’adulte qui s’était retrouvé suivi dans l’enclos par le plus jeune. Comme un enfant qui aime être dans les bras et le demande à tout va. La même chose. Sauf que le rhinocéros ne pouvait rien faire pour partir de sa place protégée loin de cette attention toute nouvelle. Elle frotta ses mains et mit des gants rapidement pour se mettre à côté de l’homme.
- Allons-y.
Elle grimpa de deux grandes enjambés pour amener Enoch à faire pareil et à la dépasser. Elle avait des gestes sûrs. Ses muscles avaient l’habitude de se mouvoir et d’aller vers le haut. Elle était ferme sur ses appuis et n’hésitait pas à observer son compagnon avec un large sourire pour qu’il avance lui aussi. Ils étaient là pour ça et elle était heureuse. Elle, elle était loin d’avoir envie de crever.
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Be running up that hill
Ah donc je suppose que tout est entre mes mains là. Je regarde encore une fois Cadno et hoche la tête avant de déglutir. J'imagine que c'est parti. Du coup je commence à grimper, une prise après l'autre. J'essaie de pas trop réfléchir. Les caillous c'est joli, le vent dans la figure, c'est chouette. Je ris à retardement à la remarque de ma nouvelle pote sur le rhino. Je savis pas que ça avait la peau si dure. Waw. J'en ai des choses à apprendre. Sans blague.
A part ça, on est vachement silencieux. Je l'ai peut-être vexée. Je sais pas comment être gentil. Je ne. Sais. Pas. Pourtant elle est si géniale avec moi. Vraiment quoi. Je peux juste pas m'empêcher d'être sur la défensive. Merci captain obvious. Faut que je grimpe. Faire et pas réfléchir, pas regarder en bas, me concentrer. Pas faire perdre son temps à Cadno. Dépenser les calories prises pendant ce copieux petit dèj ? Lol. Je sais pas qui fait ça. Mais pas moi c'est sûr. J'pense pas que ce soit le genre de ma prof improvisée non plus. Je me trompe peut-être mais je ne la vois pas comme ça.
Seconde après seconde, mes mains vont chercher la roche, suivies de mes pieds. Je me pose pas trop de question, c'est cool. J'aime bien la sensation de l'air frais sur mon visage, la présence de Cadno derrière moi me cringe un peu parce que je sais pas, j'ai peur qu'elle mate mes fesses. Non je plaisante, mais j'ai peur d'être vraiment trop maladroit et de me ridiculiser.
Je fredonne un truc dans ma tête, même pas sûr de savoir bien quoi. Ca m'aide à rester bien centré sur mon chemin, ne pas penser à d'éventuels fantômes, traumatismes, pas penser à la PUTAIN DE GAMINE SPECTRE QU'ELEVE CADNO. Raté. Je tremble et je dérape, mon pied loupe une encoche et je me cogne le visage contre la paroi. Aïe. Hâte de voir la tête qu'aura mon égratignure. Je suis un peu sonné, je laisse donc mes pieds pendre dans le vide un instant. Je suis assuré après tout. Je chouine un peu quand même, me tenant le visage :
- Aïe.
Je laisse ma tête tourner dans le vide quelques instants, avant de me reprendre, pour Cadno. Mais vraiment pour elle parce que sinon j'aurais juste pleuré, pour aucune raison valable je crois. Juste parce que c'est trop dur ce monde et que merde, pourquoi est-ce que je n'arrive pas à relationner, au moins un peu, au moins juste avec Cadno ? J'en demande pas trop eje pense. Juste lui rendre sa gentillesse je sais pas. J'ai envie de me protéger mais je foire tout. Allez vas-y Enoch, grimpe. Je secoue la tête en direction de la jeune femme pour lui montrer que je peux continuer. Je pose mes pieds dans la roche, puis mes mains, plus vite. Je m'égratigne mais je m'en fous, je veux en finir, me prouver que je peux le faire, lui prouver à elle aussi, peut-être. Au moins lui montrer qu'elle n'a pas fait ces efforts pour rien. Je grimpe, j'ai mal aux mains, m'en fous. Toujours mieux que de croiser un revenant.
Quand j'arrive au sommet, j'y crois à peine -m'enfin c'est pas super haut non plus, faut pas déconner- et je regarde Cadno d'en bas. Je lui fais de grands signes de main. Je suis un peu fier en fait. J'arrive même à lui sourire et à crier :
- Ayé ! On fait quoi maintenant ? Tu me rejoins ?
Aucune idée de si c'est bien qu'elle monte non assurée mais comme ça, d'un point de vue profane, je dirais que c'est assez "facile" pour qu'elle puisse se le permette sans que ce soit dangereux. Enfin j'espère quoi parce que je voudrais pas qu'elle se blesse à cause de moi. Ou meure. Ohlala, pas la crise d'angoisse maintenant. Mais si Cadno mourait vraiment à cause de moi ? Est-ce que j'arriverais à m'en remettre ? Est-ce qu'on peut vivre avec ça sur la conscience ? Je me tourne subitement et m'allonge à même le sol, littéralement en PLS, pour essayer de respirer. Couper le flot de pensées. Ca marche pas. J'imagine Cadno morte et toute la culpabilité qui va avec. Qu'elle revient me hanter. Sa môme fantôme aussi.
Tuez moi s'il vous plait.
Je fixe de la mousse. C'est joli la mousse. Ca éloigne les images parasites du cadavre de Cadno. C'est pas mal la mousse. |
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Menneskelig Pseudo : Cadno Tywyll
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![]() Escaladons la montagne Il parait qu'il faut se bouger le cul pour être en bonne santé
Cadno l’observe. Pas ses fesses, mais les mouvements d’Enoch. Elle l’observe depuis le bas. Elle cherche à voir ce qu’elle pourrait lui donner comme conseil après. Oh, elle n’hésite à lui donner des conseils depuis le sol, mais elle ne sait pas s’il peut l’entendre. Elle continue alors à lui donner des conseils avec joie. Espérant qu’il entende. Elle avait comprit assez bien maintenant le caractère de l’homme. Il stressait rapidement et avec beaucoup de douleur intérieure. Alors elle ne lui disait que des conseils pour le faire avancer. Elle était de toute façon ainsi, la blonde. Elle disait toujours les choses pour faire avancer le plus possible les autres. Cadno n’avait que des bons conseils. Et elle l’observait. Se rapprochant un peu en voyant qu’il s’était blessé. Elle ne dit rien, se mords les lèvres, s’en veut un peu. Vraiment. Elle reste focalisée sur le travail en cours. Quand il arrive en haut, il demande si elle doit le rejoindre. Normalement, non. C’est dangereux. Mais elle a l’instinct qu’il faut qu’elle monte. Elle doit monter. Il n’a pas demandé si elle allait grimper, ou si elle comptait faire pareil. Il avait utilisé le terme « rejoindre ».
- J’arrive.
Elle s’assure rapidement, même si elle risque de tomber si elle pouvait se retrouver à faire une chute plus petite, c’était mieux. Elle se mit à assurer ses appuies, elle modifie parfois son chemin, elle fait attention à où et comment elle met ses mains pour grimper. Toujours un peu plus. Plus vite aussi. Elle remonte son regard vers Enoch, qu’elle ne voit pas. Elle a un mauvais pressentiment. Elle n’aime pas ça. Elle n’aime vraiment pas ça. Alors qu’elle grimpe plus vite …
Pour trouver Enoch plier contre lui-même. Elle n’aurait pas dit parler d’Annie. Elle s’en veut. Terriblement. Elle aurait dû fermer sa grande bouche et mentir. Mais elle n’aimait pas mentir. Elle voulait être transparente pour qu’on puisse lui faire confiance. Mais elle ne voulait blesser personne. Elle s’approche d’Enoch avec douceur.
- Enoch, souffla-t-elle en posant sa main sur l’épaule de l’homme pour qu’il la sente approché.
Mais elle ne pense pas que c’est suffisant. Elle le regarde. Elle ne sait pas quoi faire. Que ferait une personne habituée aux humains ? Que ferait une personne qui sait parler aux autres ? Doucement, elle fit glisser sa main contre son bras et comme la première fois, elle se mit l’enlacer. Elle se glisse contre lui et elle essaye de faire des caresses sur son bras, dans le câlin, pour apaiser.
- Enoch. Je suis désolée. Respire. Doucement. Sent mon buste contre ton dos. Suis le mouvement.
Elle respirait avec plus de profondeur pour que son buste contre son dos monte et descende. Elle essayait de le réconforter mais elle ne savait pas comment faire pour que ce soit efficace. Alors elle murmurait doucement, avec des mots doux pour qu’il se calme. Elle était là. Elle ne le quitterait pas sans qu’il se calme. Et ils avaient tout le temps du monde pour qu’il puisse se calmer. Elle n’avait pas peur des araignées ou des petites bêtes. Elle n’avait peur de rien dans la forêt. Alors elle pouvait attendre et se focaliser sur ce qui compte réellement, lui.
- Parles-moi si tu en as besoin. Je suis là.
Elle avait l’impression qu’elle ne pourrait jamais l’aider. Elle avait envie de le prendre dans ses bras et de le réconforter jusqu’à ce que tout ce qui alourdisse ses épaules s’envole. Jusqu’à ce que tout aille mieux pour lui. Jusqu’à ce qu’il ne craigne plus rien. Elle le protège.
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