(MAXRA #1) I'll see you again, my loved one

Le noir… Suivi du blanc… Le retour au noir… Cette sensation étrange d’étouffer. Cette panique qui menace d’éclater à tout instant alors que l’homme n’arrive pas à comprendre ce qui se passe. Tout autour de lui est flou, tout à l’air si faux. Sa main rejoint sa gorge comme si ça pouvait réellement l’aider à mieux respirer, mais tout semble bloqué. L’air n’atteint pas ses poumons. Son cœur ne bat pas. Son sang ne circule pas. Tout semble suspendu. C’est l’état dans lequel Maximilien Steinway a quitté le monde et c’est de nouveau dans l’état dans lequel il se trouve, suspendu quelque part dans l’au-delàs. La seule différence est le silence. Un silence effrayant qui contraste avec les cris et les négociations qu’il pouvait entendre de lui. L’homme ne sait pas comment cette prise d’otages s’est terminé. Il ne se souvient même plus comment elle a commencé, ni même à quel moment que cette balle l’a atteint. Pourquoi lui ? Il ne sait pas. Qu’est-ce qu’il a dit pour mener à une conclusion aussi terrible ? Est-ce qu’il a tenté de jouer les super-héros ? Max’ ne sait pas. La dernière chose claire dans son esprit c’est sa fille qui traverse les portes de cette banque. Ça, il sait que s’est arrivé. Il sait qu’elle est sauvée et c’est la seule chose à laquelle il s’est accroché. C’était tout ce qui lui importait.

La notion du temps, l’homme l’avait perdu. Il est resté suspendu longtemps. Ayant cette impression de flotter. Un jour ? Deux ? Des mois ? Une année ? Peu importe. Ses derniers ressentis ne le quittèrent pas un seul instant. Torturant son âme plutôt que de la calmer, de l’apaiser. Et soudainement, tout a changé. L’air est devenu plus fraîche, la lumière plus blanche et Maximilien a arrêté de flotter. Il s’est retrouvé sur ses pieds dans un endroit entièrement inconnu. Autour de lui, il n’y avait que lumière, vent et cette impression d’être entouré d’un voile. Ses premiers pas vers ce voile ont été hésitant. La crainte de tomber était présente. Lorsqu’il referma les doigts pour toucher le tissu, il n’y arriva pas. Le voile s’était éloigné de quelques mètres, l’empêchant de le toucher. Pourtant, Maximilien avait ce besoin de sentir sa texture, de le toucher. Pourquoi ? Pourquoi cette obsession soudaine ? Peu importe les raisons. Il en avait besoin. L’homme se remit à avancer, la main tendue en quête de cette texture qui lui semblait si douce, si lumineuse. Un nouveau départ. Encore une fois, il a perdu la notion du temps. Il laissait ses pas le guider sans se soucier du reste. Un jour, il allait l’atteindre. De toute manière, c’est tout ce qu’il avait à faire dans cet endroit trop silencieux.

L’effet fut instantané. Lorsque ses mains se referma sur le voile, Maximilien n’eut pas le temps de profiter de sa texture. L’air recommença à lui manquer, la douleur revint dans l’entièreté de son corps et lorsque son dos touche le sol, il réussit à prendre enfin une grande inspiration. Il s’était redressé brusquement, dans un état de panique et sa main avait rejoint, par réflexe, l’endroit connu de sa blessure fatale. Contrairement à ce qu’il avait cru, aucun liquide chaud ne coula entre ses doigts et la douleur n’était plus. Clignant plusieurs fois des yeux dans l’espoir de chasser la lumière qui l’aveuglait, Maximilien prit un petit moment avant de reconnaître l’endroit dans lequel il se trouvait. Sa main retrouva l’herbe légèrement humide de sa propriété et un rire nerveux s’échappa de ses lèvres. Tout était encore flou et incompréhensible pour lui, mais il se trouvait chez lui. Son regard se dirigea tout d’abord vers ses écuries avant de s’attarder un long sur sa maison qu’il chérissait tant. Non sans difficulté, il s’est relevé Maximilien et c’est naturellement qu’il a suivi le chemin qui le mènerait chez lui. Une drôle de sensation le gagnait. Comme si les choses avaient changé. Comme s’il ne s’était pas écoulé seulement quelques jours depuis son départ. Une aura étrange entourait sa maison, une aura triste.

Un premier éclat de vie rejoint ses yeux lorsque son regard se posa sur une silhouette sur le porche. Elle lui faisait toujours le même effet. Cette femme était tout pour lui. Elle n’avait jamais réalisé à quel point il avait besoin d’elle plus qu’elle avait besoin de lui. Elle était son équilibre, mais aujourd’hui, son équilibre semblait chancelant. Il le voyait à son langage corporel alors qu’il venait de rejoindre les escaliers de leur galerie. Sans un bruit, toujours avec cette impression de légèreté, Max’ franchit la distance qui le séparait de sa tête brune favorite. « Ça fait combien de fois que je te dis de prendre quelques jours pour toi ? » souffla-t-il d’une voix des plus douces. Il n’aimait pas qu’elle souffre et à l’heure actuelle, elle était une boule de douleur. « Tu devrais t’organiser un petit voyage shopping avec tes copines. Tu en as besoin plus que tu le penses. Je vais gérer ici. » ajouta-t-il avant de s’accroupir. Il posa ses deux mains sur les genoux de son épouse et il tenta de capter son regard. Lui, il ne réalisait pas ce qui s’était passé. Tout était tellement flou et étrange dans son esprit. Il avait surtout l’impression de s’être réveillé d’un mauvais rêve. « Et je t’interdis de me dire que tout va bien. Je le sens. Tu as besoin de cette pause. » Ses mains remontèrent légèrement sur les cuisses de sa femme. Il la sentait épuisé. Il avait seulement envie de la prendre dans ses bras et de la bercer pendant qu’elle allait dormir.

Maximilien était toujours incertain de ce qu’il avait traversé. Il ne pourrait pas dire ce qu’il avait fait dans les derniers jours. Il n’en gardait aucun souvenir. Il devrait sans doute s’en inquiéter, mais ce n’était pas le cas pour l’instant. Ça lui arrivait parfois de trop dormir et de prendre un certain temps à émerger, à se souvenir de tout ce qu’il avait fait. Ça allait lui revenir n’est-ce pas ? Peut-être trop brusquement, mais pour l’instant, ce n’était pas le cas. Même la prise d’otages n’était plus un souvenir. Pour l’instant, il avait la sensation d’être uniquement sérénité. Il aurait pu en être perturbé si Moïra ne s’était pas retrouvée dans son champ de vision. Ce n’était pas compliqué, lorsqu’elle se trouvait près de lui, il avait cette tendance à oublier tout ce qui l’entourait. Ce qu’il faisait n’avait plus d’importance. Cette femme à la chevelure foncée avait toujours été le centre de tout univers.

Pourquoi ce n’était pas aussi simple ? Elle ne lui faisait pas confiance pour s’occuper de leurs enfants l’espace de quelques jours ? Il pouvait très bien le faire. Maximilien avait prouvé plus d’une fois qu’il était un bon père et qu’il faisait passer sa famille avant tout, avant même ses chevaux. Alors pourquoi elle hésitait à chaque fois qu’il lui proposait de prendre du temps pour elle ? Elle en avait plus que besoin et pour une fois, elle devrait l’écouter. Ça n’allait pas la rendre moins forte aux yeux de son entourage de s’éloigner quelques temps. Avant que le brun n’ait eu le temps d’ouvrir la bouche pour insister sur cette question, son regard croisa celui de Moïra qui eut une réaction des plus étranges. Elle s’était figée. Comme si elle se trouvait devant un fantôme. C’était le cas, mais pour l’instant, Maximilien était encore dans le néant. Il n’avait pas conscience de sa condition de fantôme et il ne savait pas s’il allait pouvoir l’accepter. Max observait sa femme sans comprendre sa réaction, cette surprise présente dans son magnifique regard. L’homme fut davantage perdu lorsqu’il entendit Romy hurler. Son cri était un mélange entre la joie, la peine et la douleur. Il la sentait presque désespéré à travers ce simple mot. Tournant lentement la tête vers sa fille, il eut à peine le temps de la voir sur les genoux qu’elle s’était redressée pour lui sauter dans les bras. Romane ne l’avait jamais câliné comme cela. Elle s’accrochait à lui. Elle tremblait entre ses bras et il pouvait l’entendre pleurer sans relâche. Elle semblait inconsolable et c’était très déstabilisant pour Max qui ne réalisait pourquoi il avait le droit à un tel accueil. Il leva les yeux vers sa femme, la questionnant du regard. Il avait remarqué au passage que son fils était en train de pleurer à son tour près de sa mère. À côté, Romy lui soufflait à l’oreille que ça avait fonctionné. Son enfant refusa de le lâcher lorsque sa mère lui demanda. Elle referma même davantage ses bras autour de l’homme. Le père de famille finit par se redresser conservant Romy contre lui. Il était dit que lorsqu’un enfant avait besoin d’un câlin, il était important de le laisser lâcher en premier. De lui donner tout l’amour dont il avait besoin. Donc il garda Romane contre lui. Sur pieds maintenant, elle avait sa tête contre le torse de son père. Ce dernier avait posé une main derrière sa tête et instinctivement il avait tendu son autre main vers Tom pour lui offrir un contact. Son regard, tant qu’à lui, s’était accroché à celui de sa femme. « Mon cœur, je… Je ne comprends pas. » souffla-t-il. Oh, ça allait lui revenir, c’était seulement une question de temps. « Où étais-je ? … Depuis combien de temps ? » Pourquoi la réponse lui faisait autant peur ? Parce qu’il venait de remarquer que Tom avait vieilli ? Pas énormément, mais son visage avait changé de ses derniers souvenirs. Il sentit une crainte étrange l’envahir. Un drôle de pressentiment. « Je… Attends. Qu’est-ce qui a fonctionné ? Qu’est-ce que vous avez fait ? » L’inquiétude venait de prendre place dans sa voix. Son cerveau était en train de faire des liens qu’il ne voulait pas faire. Qu’il n’était pas prêt à faire. Romane s’éloigna enfin et son regard croisa le sien. « La banque… » Il avait murmuré pour Romy seulement. Il avait eu un flash très rapide. Pas encore un souvenir complet.

Sa main avait rejoint instinctivement les cheveux de Tom lorsqu’il s’était approché de lui. Ce moment fut de courte durée lorsque Max commença à poser ses questions, ses deux enfants s’éloignèrent et leur mère vint se placer devant eux. L’homme fronça légèrement les sourcils, il ne comprenait pas ce geste. Avait-elle peur qu’il s’attaque à leurs enfants ? La prunelle de ses yeux ? Ça n’avait aucun sens. Maximilien n’avait jamais montré un signe de violence dans sa vie, il ne comprenait pas ce geste. Qu’est-ce qui lui manquait comme information ? Est-ce que c’était si grave ?

L’homme avança d’un pas lorsque sa femme tendit une main dans sa direction. Il avait besoin de ce contact plus que jamais. Il attrapa délicatement le poignet de son épouse et avança sa main vers sa joue. Il ferma les yeux. Il fallait qu’il profite de ces secondes, il sentait que ça serait de courte durée. Finalement, sa femme lui confia qu’il y avait eu une prise d’otages et qu’il n’avait pas réussi à s’en sortir indemne. Sa seconde main se dirigea vers son ventre où il avait reçu la balle. Il n’avait plus mal, mais un vague souvenir de souffrance lui revenait à l’esprit. Il se souvenait d’avoir agonisé. Il avait souffert pendant un long moment avant que ça s’arrête. Maximilien aurait pu être sauvé si les braqueurs avaient quitté l’endroit plus rapidement. « Un an..? » Les souvenirs de la banque lui revenaient lentement, mais la dernière année ? Où était-elle ? À l’hôpital ? Il avait passé une année complètement à l’hôpital pour se remettre de sa blessure ? Non, c’était absurde. Il s’en souviendrait un minimum. Son regard se porta sur Romane lorsqu’elle parla à son tour pour parler d’un medium et du fait qu’il était vivant. « Non, je ne le suis pas… » fut sa première réaction soufflée. Il le regretta immédiatement devant le regard changeant et larmoyant de Romane. Elle, elle voulait y croire. Elle avait vraiment besoin de lui.

Ses doigts se refermèrent sur ceux de son épouse. L’homme réagit très peu. Il tentait d’assimiler ce qu’il venait d’apprendre. Plusieurs images lui revenaient à l’esprit et il ne savait pas s’il devait tout prendre ou en laisser. « Oui… » Il avait besoin de s’asseoir. Il sentait que ses jambes avaient commencé à trembler. Le brun se recula de quelques pas pour se laisser tomber sur le coussin. « Ça fait un an… Un an que je suis… mort ? » Ses doigts étaient toujours au niveau de sa blessure. Il laissa passer un moment avant de souffler : « Je me souviens de la banque. » Ça lui revenait lentement. Il ne pourrait pas donner de détails, mais ça lui revenait. « J’ai l’impression que c’était hier. » L’homme n’avait pas vraiment de réactions. Il était seulement perdu. Ses sourcils étaient froncés. « Vous avez fait appel à un medium…? Je… Pourquoi ? » Ouch… Cette question était dure. Pour l’instant, il ne réalisait pas à quel point sa famille avait souffert.

Maximilien aurait pu être vexé que Moïra demande aux enfants de rentrer pendant ces retrouvailles, mais au fond il comprenait. La discussion n’avait plus rien de simple. Même Max ne pouvait pas prévoir comment il allait réagir dans les prochains instants. C’était sûrement mieux pour sa progéniture de se trouver loin de lui. Le brun n’observa pas ses enfants quitter le perron, il fixait un point précis par terre. Il ne le voyait pas réellement, il était plutôt perdu dans ses pensées. Lorsque Moïra s’accroupit devant lui, elle put sentir la jambe droite du brun qui tremblait. Dans un premier temps, il ne réagit continuant de regarder dans le vide. C’est la voix de sa femme qui la ramena à lui. Il secoua doucement la tête pour retrouver ses esprits et finalement observer celle qu’il aimait. Celle qu’il aimait toujours malgré la mort.

Moïra lui confia que Romane se sentait responsable de sa mort. Pourquoi ça ne l’étonnait pas ? Romy avait tendance à s’en mettre beaucoup trop sur les épaules. Elle n’avait pas à s’en vouloir. C’était son destin. Si Maximilien avait à mourir ce jour-là, il serait mort de toute manière. Qu’est-ce qui allait se passer maintenant qu’on avait joué avec sa vie après la mort...? Allait-il, lui, finir seul et perdre peu à peu sa famille ? Allait-il être coincé ici pour toujours maintenant ? Max soupira. Sa femme venait de lui dire qu’il était le pilier de cette famille avant de lui préciser qu’elle ne pouvait pas continuer sans lui. Est-ce qu’il pouvait lui en vouloir au fond ? Inversement, il aurait fait la même chose. Il n’aurait pas pu vivre sans sa femme. Est-ce qu’il pouvait lui reprocher de ne pas avoir voulu avancer sans lui ? Ça serait purement égoïsme. Il l’avait toujours vu comme plus forte que lui, mais à ce point ?

Un petit rire nerveux lui échappa. Moïra venait de lui dire qu’ils allaient l’aider à s’adapter. Qu’elle ne l’abandonnerait pas. L’homme leva une main pour faire glisser le bout de ses doigts contre la joue de son épouse. « Je ne sais pas si j’étais en paix. Je n’en garde aucun souvenir. » avoua-t-il. Il n’allait pas lui faire croire qu’il était bien et qu’il était serein. Il ne le savait pas. Peut-être que les souvenirs allaient lui revenir avec le temps, mais pour l’instant, ils n’étaient pas assez présents pour qu’il soit en colère. Il n’était pas réputé pour être colérique non plus. « Ne m’abandonne pas… Je n’ai que toi. Que vous… » souffla-t-il en faisant glisser sa main dans ses cheveux. Il se pencha vers l’avant pour poser son front contre le sien. « Je ne sais pas ce que notre famille va devenir, je ne sais pas ce que je suis, mais… Je suis là. » Il hocha la tête pour tenter de se montrer plus convaincant. Il voulait se convaincre lui-même plus que son épouse. C’était lui qui avait besoin d’être rassuré. « Je suis complètement perdu. » Il n’aimait pas se sentir comme cela. Il était submergé par tellement d’émotions en même temps. « Qu’est-ce qu’on fait si… Rien ne redevient comme avant ? » Est-ce qu’elle y avait pensé ? Maximilien ne savait pas ce qui l’attendait pour la suite. Là, il se sentait normal, mais est-ce que ça allait continuer ? Il n’était plus humain après tout. Il était un fantôme, dans une ville de fantômes certes, mais il ne s’était jamais installé dans cette ville pour ça, pour son côté surnaturel. Il n’aurait jamais cru être confronté directement à cette particularité.

Il ne savait plus comment penser correctement Maximilien. Il n’avait pas le souvenir d’avoir déjà été aussi perdu, aussi peu sûr de lui-même. Il apprenait beaucoup d’informations d’un seul coup et ces informations changeaient complètement sa vie et comment il avait l’habitude de la vivre. Il n’était plus humain et ça l’effrayait plus que tout. Jusqu’à quel point il allait changer ? C’est un sujet qu’il regrettait d’avoir survolé sur la ville où il vivait. Ville qu’il avait choisie pour le terrain mettant rapidement ces histoires de fantômes de côté. Maintenant, il était concerné plus que jamais. Contrairement à lui, Moïra semblait confiante lorsqu’elle lui affirma qu’il n’y avait aucune raison pour que les choses ne redeviennent pas comme avant. L’homme soupira. Il donnerait tout pour la croire, mais il restait septique. Déjà, il se sentait étrange. Il n’arrivait pas à expliquer tout ce qu’il ressentait. Est-ce que c’était tout simplement humain ? Il en doutait. Devait-il parler de ses doutes maintenant ? Non, bien sûr que non. Pas à Moïra, car son épouse ne pouvait pas savoir. Elle se trouvait dans le néant autant que lui. C’était une première pour le duo. Ils n’avaient aucun revenant dans leurs proches. Ils allaient devoir chercher l’information ailleurs. « Mais si ça ne va pas… Il faudra me laisser partir. Tu dois me le promettre. » Il en demandait énormément, il le savait, mais tous les deux devaient avoir conscience qu’ils avaient une porte de sortie. Difficile à imaginer, certes, mais présente. Si les choses ne se déroulaient pas comme elle devait se dérouler, Maximilien préférait retourner d’où il venait. Sa vie n’avait jamais valu plus que celle des autres et il refusait de mettre qui que ce soit en danger. Oui, ça contrastait avec le fait qu’il venait de demander de ne pas être abandonné. Pour lui, il y avait une différence entre être abandonné à sort et être contraint de disparaître pour assurer la sécurité de tous.

« M’enregistrer… » répéta-t-il avec un certain doute dans la voix. L’homme se mit à marcher légèrement sur le balcon, signe de réflexion chez lui. « Qu’est-ce que ça implique exactement ? Est-ce que je vais être libre ? » Les pourparlers disaient que oui, mais sur papier ? Serait-ce le cas ? Est-ce que les revenants devaient suivre un programme précis ? Est-ce qu’ils restaient avec leur famille ? Ou bien il devenait une sorte d’animal de compagnie du gouvernement ? Est-ce qu’un jour, on pouvait venir le récupérer pour l’utiliser comme rat de laboratoire ? Tellement de questions et surtout tellement d’inquiétudes qui le gagnaient d’un coup. Peut-être pour rien, mais il ne pouvait pas s’empêcher d’avoir peur pour les changements que ça allait impliquer. « On verra ce qu’on nous dit. Ce n’est sûrement pas un choix qui s’offre à nous. » Il haussa les épaules. Ce n’était pas une décision importante à prendre. C’était une obligation. Il n’avait pas envie d’être illégal ou encore de devoir se cacher. Ça serait encore pire pour sa famille et lui. « Est-ce qu’il y a des choses qui ont changé ici..? Tu as gardé la maison… » Il eut un petit sourire en tournant la tête vers cette demeure qu’il chérissait particulièrement. Il tourna ensuite la tête vers la plaine. « Et l’écurie ? » Les chevaux étaient toute sa vie, mais ça demandait de l’entretien. S’il était disparu depuis aussi longtemps, est-ce que Moïra avait pu prendre le temps d’entretenir ses nombreux chevaux ?