Calm before the storm ? ft. Dovovan Thyrnburg

Calm before the storm ?

Dovovan Thyrnburg & Lachlan Anderson

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La fin de la semaine venait tout juste d’arriver mais le weekend de Lachlan s’annonçait bien charger. Ce soir-là, l’avocat devait rencontrer un de ses plus vieux amis, Donovan. Les deux hommes s’étaient rencontrés il y a des années de cela dans la capitale. Quelques années plus tard, ils se sont retrouvés dans la même ville. Coïncidence ? Lachlan, lui, pensait, au contraire, que c’était un signe du destin. Il ne savait pas encore pourquoi, mais les deux amis étaient fait pour se retrouver. Alors que Lach préparait de quoi faire un apéritif dinatoire sur la table-bar de sa cuisine — seule et unique « table » de la maison — il songeait à la raison pour laquelle son ami voulait le voir. Lachlan savait pertinemment que Donovan avait arrêté ses activités à Edimbourg — à son plus grand regret d’ailleurs. Une chose était certaine : si son ami avait demandé à le voir aussi vite, quelque chose se tramait et il n’allait pas tarder à savoir ce que c’était. L’inquiétude monta en lui, et s’il avait des ennuis ? L’avocat ferait tout ce qui serait en son pouvoir pour l’aider, c’était une certitude.  
Même si la plupart de ses weekends étaient occupés, Lach appréciait sa vie comme cela. Il n’avait ni famille à proximité, ni personne pour partager sa vie au quotidien. Garder l’esprit occupé était pour lui vital, un moyen de ne pas sombrer dans la folie. Lachlan était plus qu’heureux d’inviter quelqu’un chez lui, il n’en avait pas souvent l’occasion. Lachlan et Donovan ne se voyaient pas souvent puisqu’ils devaient sauver les apparences devant les gens, mais quand ils se réunissaient c’était bien souvent chez l’avocat lors de soirées nocturnes. Avoir une petite maison isolée du centre et de la ville était l’une des raisons principales.
Un coup sur la porte d’entrée le sortit de ses pensées qui l’emmenaient déjà sur un terrain sinueux. Lach s’avança jusqu’à cette dernière et invita Donovan à entrer. « Salut, comment tu vas ? ». Il n’attendit pas que son ami le rejoigne dans la cuisine, et retourna aux fourneaux en se demandant si ses pressentiments allaient se révéler fondés ou non.

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Dovovan Thyrnburg & Lachlan Anderson

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L’avocat était très observateur ce soir-là, peut-être une déformation de sa profession, ou peut-être tout simplement sa nature, mais il remarqua que quelque chose n’était pas comme d’habitude. Derrière le comptoir, il observa son ami de la tête au pied. Rien ne semblait différent en apparence, son visage ne laissait rien paraître, mais il y avait ce petit quelque chose qui faisait que Lachlan se posait des questions. Détournant le regard afin de ne pas éveiller les soupçons, il entreprit de couper des dès de fromages pour l’apéritif. Lach avait toujours aimé inviter et recevoir du monde, il n’avait simplement jamais l’occasion de le faire. Il dispersa les morceaux dans un bol avant de répondre à Donovan. « Je comprends… Je te donnerais bien le conseil de prendre un peu de repos mais… Je sais ce que c’est ». Il alla chercher deux verres dans le placard derrière lui et les disposa en face de lui. « Et puis, qui je suis pour donner des conseils que je n’applique même pas ? ». L’honnêteté et la justice étaient deux choses qui avaient toujours guidé l’avocat — même s’il avait une vision bien particulière de la chose. « J’ai beaucoup de boulot aussi en ce moment, mais… Que ferais-je sans ça ? ». Il balaya la pièce d’un bras pour ponctuer sa phrase. Peut-être que je devrais songer à prendre un chien ? Ou un chat ? Lach avait déjà songé plus d’une fois à adopter un animal. À Edimbourg, cela avait été  tout bonnement impensable, mais ici… L’avocat avait une maison et un petit jardin, de quoi accueillir un peu de compagnie. Mais il savait que cette démarche serait purement égoïste et que l’animal serait seul la plupart du temps. Après tout, il était marié à son travail et, quand il n’y était pas, il était bien trop occupé à trouver un moyen légal de chasser les fantômes — littéralement.

Lachlan considéra la bouteille de whisky que son ami avait ramenée et fut heureux de constater qu’ils étaient tous les deux sur la même longueur d’ondes. « C’est parfait. Après une semaine comme celle-là, on a bien mérité un remontant, l’un comme l’autre ». Lach songea un instant à la proposition de son ami. En tant qu’hôte, il n’aimait pas que ses invités l’aident pour quoi que ce soit. Mais Donovan était ce qu’on pouvait qualifier d’un habitué de la maison et Lachlan sentait qu’il avait besoin d’une distraction. « Si tu veux, tu peux couper en rondelles les wraps que j’ai constitués tout à l’heure ». Lachlan plaça devant Donovan une assiette remplie et une autre vide. « Mais avant que tu ne mettes la main à la patte, tu souhaites boire quelque chose ? Bière ? Vin ? Vodka ? Soft ? Alcool ? ». Tout en énumérant ce qu’il avait de disponible— à savoir, à peu près tout — Lach s’était rapproché de son placard à boissons. « Tu m’as tout l’air tendu, un petit verre devrait te détendre et après on pourra jouer au jeu de celui qui a eu la semaine la plus pourrie, je te laisserais même commencer ». L’avocat essaya de détendre l’atmosphère avec un peu d’humour, mais il savait que Donovan avait compris le sous-entendu. Lachlan songea que son ami lui parlerait peut-être alors de ce qui pouvait bien le tracasser.

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Dovovan Thyrnburg & Lachlan Anderson

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Lachlan comprenait parfaitement son ami en cet instant. Même s’il pouvait effectuer son travail en collaboration avec ses collègues, l’avocat préférait travailler en solo. Non pas qu’il n’aimait pas le travail en groupe ou qu’il n’appréciait pas les compagnies des autres, mais il avait toujours pensé qu’il était mieux servi que par lui-même. Cette décision impliquait de nombreuses heures de travail, beaucoup de fatigue, mais surtout une grande satisfaction. Lach n’était pas dupe, il savait que certains jobs, certaines situations requéraient un travail d’équipe. Parfois, on n’avait guère d’autres choix que de dépendre des autres — au plus grand dam de l’avocat et de son ami. « J’espère que ça s’arrangera avec ton équipe ». Lachlan aurait bien ajouté qu’il devrait peut-être les secouer, mais il savait qu’il avait une vision bien particulière de la façon dont le travail devait être conduit. Mais Donovan avait raison, ils étaient faits pour ce mode de vie. Ils avaient choisi ce mode de vie. « Tu as bien raison, on mourrait d’ennuie si on ne croulait pas sous le travail ». Lachlan ne pouvait imaginer une journée sans rien à faire. Il tournerait comme un lion en cage — une torture pure et simple.

Lachlan acquiesça et s’attela à remplir deux verres de vin rouge. L’avocat n’était pas un grand consommateur d’alcool, en tout cas pas de façon quotidienne, mais il savait apprécier les bons produits. Il plaça un des verres en face de son ami et l’observa un instant avant de le taquiner : « Tu sais, si jamais ta carrière d’adjoint tombe à l’eau, tu pourras toujours te reconvertir en cuisinier ». Les épaules de l’adjoint se détendirent et Lach fut rassuré de cette réaction, même s’il ne savait pas si elle était liée à sa blague ou pour toute autre raison. L’avocat haussa un sourcil. Donovan était drôlement bavard ce soir-là. Non pas qu’il était silencieux d’ordinaire, mais il parlait plus qu’à l’accoutumée. L’avocat ne put s’empêcher de faire un parallèle avec l’air qu’il avait affiché en entrant. Quelque chose se tramait ou le tracassait. Ou tu es simplement en train de faire une déformation professionnelle. Secouant la tête, Lachlan porta son verre à la bouche. Il avait observé trop de client empêtrer dans le mensonge qu’il le voyait partout. L’avocat hocha la tête et poussa les plats d’apéritifs en direction de son ami : « Tu as raison, comme toujours. Je t’en prie ».

Lach écouta l’adjoint raconter sa petite anecdote. Il devait avouer que la situation avait dû être comique, ou exaspérante selon le point de vue. L’avocat aurait certainement eu la même réaction que son ami et serait déjà en train de chercher une autre personne également. Un sourire amusé aux lèvres, il répondit : « Et bien… J’espère que la.le prochain.e secrétaire sera un peu moins empoté.e que la.e précédent.e. J’imagine bien la tête de ton client à la suite de ce petit incident ». Lachlan songea un instant à la situation de son ami. « Je n’ai malheureusement personne à te présenter pour régler ton problème… ». Il se gratta distraitement la barbe. « Mais tu fais bien de chercher quelqu’un d’autre. La compétence dans son travail c’est quand même le minimum qu’on l’on puisse attendre d’un.e employé.e. On doit pouvoir compter sur elle, ou sur lui ». Lachlan attrapa un morceau de fromage qu’il mâcha calmement avant de déclarer : « Je suppose que c’est mon tour ? ».


L’avocat prit une gorgée de vin avant de se lancer dans la dernière anecdote en date qui a marqué sa vie. « Pas plus tard que cette semaine, je me suis retrouvé coincé dans un ascenseur avec le médecin qui travaille dans le même immeuble que moi. Une panne électrique. Il nous a fallu des heures avant de pouvoir sortir de la cabine. J’ai cru mourir d’ennui et d’impatience ». Lachlan resta délibérément vague sur ce qui s’était réellement passé avec Julian. Donovan n’était pas au courant du désir qui animait l’avocat quand il voyait le médecin. Entre alchimie et envie de meurtre, le temps que l’avocat avait passé avec le médecin avait été pour le moins… électrique. Il ne risquait pas de l’oublier de si tôt. Accaparé par le souvenir de cet évènement, Lach oublia complètement la suspicion qu'il avait envers son ami.

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Dovovan Thyrnburg & Lachlan Anderson

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Lach écoutait Donovan avec attention. S’il ne pouvait lui apporter une aide matérielle, il pouvait quand même lui fournir un soutien moral — ou du moins, une simple écoute. Lachlan ne comprenait que trop bien la question de la réputation, dans son domaine, c’était primordial, vital. S’il venait à avoir une mauvaise réputation, l’avocat était certain de ne plus avoir beaucoup de client. La réputation était un gage de fiabilité dans son domaine mais dans bien d’autres aussi, comme dans celui de Donovan. « Tu m’étonnes. J’espère qu’elle fera plus attention la prochaine fois. Les affaires n’ont pas besoin de ce genre d’incidents. Elles sont déjà bien assez difficiles comme ça ».

Après avoir vidé son sac, Lachlan resta silencieux un instant. La réaction de son ami aurait pu être drôle si elle n’avait pas été aussi ironique. Donovan avait des yeux aussi gros qu’une soucoupe volante. Et encore, tu ne sais pas toute la vérité… Lach songea une demi seconde à avouer ce qu’il s’était vraiment passé avant de reprendre ses esprits. Il ne pouvait pas trahir Julian, même si, techniquement, rien ne les liait — pas même l’ombre d’une amitié. Il se racla la gorge comme pour faire taire cette idée et répondit : « Celui-là même. En personne. Comme tu dis, il y avait des dizaines et des dizaines de personnes dans cet immeuble et je suis tombé sur lui. Je ne sais pas ce que j’ai fait au karma ». Il avait retourné le problème dans tous les sens les jours qui suivirent l’incident sans jamais comprendre ce qu’il avait fait à l’univers. « On a failli en venir aux mains mais… On a réussi à ne pas se taper dessus ». Lach resta aussi évasif que possible mais il avait conscience de ne donner qu’une infime partie de la réalité. « Tu sais, on ne manque jamais une occasion de se rappeler à quel point nos idéaux sont radicalement opposés » c’était le moins qu’il pouvait dire. « Mais, malgré les conditions, ce n’était pas le pire de nos échanges ». Oh ça non…  « Et, je suis toujours vivant et sans aucune égratignure ! C’est que ça ne s’est pas si mal passé que ça ». Lachlan prit une grande gorgée de vin et tenta de penser à autre chose qu’au médecin et des sensations autres que la colère qu’il avait ressentie lors de leur échange. « Mais tu sais ce que c’est, on est du genre à aimer avoir le dernier mot lui et moi, alors c’est souvent… explosif entre nous. Un peu comme deux membres d’une même famille qui ne peuvent se voir mais qui se prennent la tête à la moindre occasion ». Il fourra un morceau de fromage dans sa bouche pour éviter d’en dire trop à son ami et de briser cet accord presque tacite. Lach était content de ne pas avoir de frère, il ne pouvait s’imaginer les prises de tête qu’il pourrait avoir avec celui-ci.

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