Alexander Hartmann ☽ German Delight

- Tu as prévu une fête pour tes dix huit ans Alex ? Dit ton amie tout en rangeant avec soin son violon dans sa mallette.
- Je ne sais pas encore. Tu refermes la sacoche qui protège ta guitare tout en souriant. J’ai encore une semaine pour décider de toute façon. Je te tiens au courant Léa !

Tu souris de nouveau avant de saluer ton amie et de prendre le chemin pour rentrer chez toi. Tu repenses à sa question, un petit rictus au coin de tes lèvres. Et pourquoi pas faire une fête ? On n’a qu’une fois dix huit ans et cet âge est important. Alors autant marquer le coup avec tous tes amis ! Mais très vite, tu perds ce petit sourire, une ombre se dresse sur ce tableau idyllique. Ton père. Jamais il ne te laisserais organiser quoi que ce soit. Surtout en pleine semaine…

C’est morose que tu rejoins la petite maison qu’occupe ta famille depuis ta naissance. Rien de bien glorieux, mais c’est mieux que rien. En passant la porte, une mauvaise impression est née au creux de ton estomac.

Maman, je suis rentrée. Cris-tu à travers la maison tout en posant ta guitare dans l’entrée, près de la porte. Maman ?
Tu continues à l’appeler tout en progressant avec prudence dans la maison. Tu regardes dans le salon puis la cuisine, personne. Le mauvais pressentiment se fait plus intense au fil des minutes. Plus tu évolues dans la maison, plus une peur monte doucement en toi.

Tu décides alors d’aller voir à l’étage. Tout en continuant d’appeler ta mère. Aucune réponse. Tu regardes dans la salle de bain en premier, personne. Idem pour ta chambre. Reste plus que la sienne… Tout en posant ta main sur la poignée, tu lâches un soupir te donner du courage. Puis tu ouvres enfin cette porte. Ta mère est là, sur le lit. L’air endormi. Un soupir de soulagement t’échappe, mais alors que tu t'apprêtes à fermer la porte. Un détail attire ton regard. Aucun mouvement de respiration ne semble venir d’elle.


- Maman… Soupires-tu tout en allant vers elle. Une fois à ses côtés, tu remarques alors les traces autour de son cou, et son teint livide. MAMAN !!!!!!



Je peux paraître naïf, voire faible, mais croyez-moi, ne vous fiez pas à mon visage d'ange. J'ai vécu des choses impensables, horribles, gravées à jamais dans mon esprit. Tout a commencé dès ma naissance. Je suis ce qu’on appelle un accident de parcours. Ma mère me voulait, mais pas mon père. Et j’ai très vite ressenti son rejet en grandissant. Je n’avais aucune reconnaissance, aucune marque d’affection. Tout l’amour que j’avais, me venait de ma mère. Ah, ma mère. J’aurais tout fait pour elle. J’ai pris des coups pour la protéger. Je le laissais se défouler sur moi afin de laisser un répit à ma mère. Bien sûr, elle s’en voulait, elle voulait protéger son bébé, son seul enfant. Elle ne voulait pas me donner cette vie, une vie de peur et d’angoisse. Pour détourner mon attention, elle m’a inscrite au conservatoire. Officiellement, pour que je me défoule avec la musique, mais je savais très bien que c’était pour m’éloigner de notre foyer trois soirs par semaine.

Mais voilà, une semaine avant mes dix huit ans, j’ai fait la pire découverte qu’un enfant puisse faire. J’ai découvert le corps de ma mère dans sa chambre. Le salop l’a vraiment fait, il l’a tué… J’étais anéanti. J’ai fui le foyer familial avec le strict minimum. De l’argent, ma guitare et un sac avec quelques vêtements. J’ai embrassé une dernière fois ma mère en pleurant. Elle m’avait fait promettre de fuir si il lui arrivait quoi que ce soit. Et j’ai suivi ses dernières volontés. Elle se sentait en danger et elle savait que je serais le prochain, moi, l’accident de parcours. Alors j’ai fui. Tout ce que je sais, c’est que mon père a été arrêté et inculpé pour meurtre quelque temps après ma fugue.



J’ai donc fui comme un lâche l'Allemagne, pour la France. Je me suis inscrit dans une université de lettres, j’ai toujours aimé écrire, c’est pour cela que je me suis dirigé vers cette branche. Je me suis fait passer pour un étudiant en échange et j’ai vécu sur le campus pendant toute ma scolarité. Les vacances, j’en profitais pour travailler ou voyager ou les deux. J’ai su me recréer un petit cocon d’amitié dans ma nouvelle ville. Mes amis ont été d’un grand soutien après mon arrivée, ils m’ont beaucoup épaulé pour reconstruire ma vie loin de la ville qui m’a vu grandir et périr ma mère aux mains de ce monstre.

J’ai réussi avec brio mes études. Ma mère en serait tellement fière, moi, son petit garçon, diplômé de lettres. Après l'acquisition de mon précieux bout de papier, j’ai de nouveau enchaîné les voyages afin d'effectuer des stages dans différentes rédactions à travers le monde. J’avais dans l’idée de devenir journaliste, et pour cela, j’ai eu besoin de matière, de bagages dans le monde du journalisme. En apprenant auprès des plus grands à travers le monde. Ce fut très enrichissant pour moi. Et je ne regrette absolument pas ces voyages.

J’ai déposé mes valises a Northwitch après des années de balade dans le monde. J’avais besoin de retrouver un peu de paix et de stabilité. Et pourquoi Northwitch me direz-vous. Et bien l’amour. Lors de mes voyages, je suis tombé sous le charme d’une jeune fille. Beaucoup plus jeune que moi je l’avoue. Elle avait 19 ans et moi 24 ans. Mais l’amour fut plus fort que tout, et dans toute cette fougue on s’est marié très vite. En petit comité, elle devenait enfin ce que j’avais perdu, ma famille. Je tenais tellement à elle, mais une ombre est venue tout balayer. Le retour de son amour perdu a elle… Qui est décédé tragiquement. Il est revenu avec un nouveau corps, un nouveau visage. Mais les souvenirs intactes. C’est la que j’ai pris conscience des revenants et du mal qu’ils peuvent faire. D'où peuvent- ils prendre possession d’un corps de la sorte ? J’étais fou de rage et de chagrin. Après le divorce, j’ai rejoint la living society pour combattre ces monstres. Je me suis aussi lancé en free lance comme journaliste, grâce à tout ce que j’ai mis de côté, je peux me permettre de vivre tranquillement quelque temps, mais aussi vivre de ma passion afin de combattre les revenants…