Enoch L. Martin ☽ Noyé dans l'océan, je caresse le flanc du grand Léviathan

Utilises la forme que tu veux pour rédiger l'histoire de ton personnage. On te demandera cependant soit un minimum de 15 anecdotes (sur sa vie, non pas ses gouts/préférences) ou 500 mots minimum.

Enoch est né d'un père français, juge de droit Européen et d'une mère écossaise, née à Northwich et travaillant dans le domaine de la haute couture. Il possède donc la double nationalité. Les deux se sont rencontrés à Londres pendant leurs études et se sont installés dans une riche banlieue parisienne quelques années plus tard. C'est ici qu'a grandi leur fils, resté enfant unique, ce qui n'était pas spécialement prévu. A l'origine de ce schéma familial, la découverte du don d'Enoch. Elizabeth, sa mère, a toujours été terrifée par les fantômes et pense que leur place n'est pas parmi les vivants, tout comme son mari. Aucun des deux ne voulait prendre le risque d'avoir un second médium dans la famille. Surtout avec le caractère que développait leur petit garçon. Malgré les encouragements de sa grand-mère maternelle à prendre possession de son don et à le travailler, Enoch absorba toutes les peurs et le rejet de ses parents, se renfermant dans son imaginaire. A l'adolescence survirent les conflits, le garçon se sentant enfermé dans le carcan bourgeois imposé par ses parents, oppressé par la façon qu'ils avaient de le traiter comme un enfant malade tout en projetant toutes sortes d'attentes sur lui.
Paradoxalement, malgré sa peur parfois panique des manifestations de son don, la maison de ses grands-parents a Northwich a toujours été son refuge, auprès des histoires et des tartes de sa grand-mère, seule personne capable de lui faire dédramatiser la chose et du calme distingué de son grand-père qui l'emmenait en mer chaque jour de l'été sur son petit voilier et lui lisait les aventures de Sherlock Holmes avant qu'il s'endorme.
Malgré la concentration incroyable d'ectoplasmes en ce lieu, Enoch a beaucoup exploré la ville -il y a passé les trois quart de ses vacances scolaires- et y est très attaché. Ce qu'il préfère, c'est l'océan. La nature en général l'appaise, mais il éprouve une grande fascination pour les grandes métropoles anonymes également, pour le béton, la solitude au milieu de la nuée.
C'est pourquoi, après avoir eu un bac ES au rattrapage, tenté un BTS, puis la fac, il a voulu partir aux Etats Unis. Ses parents, en désespoir de cause - Enoch avait été au bord du décrochage scolaire depuis son entrée au lycée, il ne ferait ni Sciences Po ni la London School of Economics - lui ont donné une petite somme d'argent et ont accepté de lui payer son visa pour un an, à condition qu'il se trouve un petit job sur place. Le jeune homme de vingt ans s'envola donc pour New York, se fit embaucher comme vendeur dans une boulangerie française dont il se fit licencier au bout de trois mois -pas assez réactif, pas assez aimable-. Forcé à la débrouillardise et à sortir un peu de son cocon, il finit par trouver un job dans un bar miteux, dans le Bronx, assez loin de la petite coloc qu'il avait trouvée à l'origine. Ses nuits étaient courtes, ses journées passées à dormir, fumer ou simplement rester allongé sur le lit qu'il n'avait pas refait depuis son emménagement. Il finit par devenir un animal nocturne, trompant sa peur du noir via l'alcool et quelques drogues. Il s'était constitué tant bien que mal une bande de potes et eut sa première relation avec l'une d'entre elles. Ils se comprenaient sans trop parler, elle respectait son univers et c'était exactement ce qui lui fallait.
Enoch se trouvait alors constament épuisé et commençait à réaliser qu'une grande ville voulait aussi dire beaucoup de morts, beaucoup d'âmes en peine qui cherchaient à entrer en contact avec lui. Plus cela arrivait, plus il buvait, plus il fumait de cannabis ou se bourrait de champignons ou d'ecstasy, parfois, pour voir autre chose, aller ailleurs. Il finit par s'endetter et par devoir vendre ce qui le rebutait le plus au monde : son don de médium. Nombreux étaient les gens essayant de contacter un défunt proche, pour faire son deuil, obtenir des informations ou simplement l'aider et il monnaya ce service, au black, ce qui acheva de ronger sa santé mentale et physique. Son rejet de ses capacités malgré leur utilisation maintenant "volontaire" et régulière accentuèrent sa recherche d'échappatoire via l'alcool et les drogues et la spirale n'en finissait pas. Il ne se nourrissait presque plus, se fit larguer par sa copine et finit par arriver à un point de rupture : un rituel de rattachement. On lui demanda d'en effectuer un pour une somme bien plus importante que les services de communicaiton habituels, en plus de lui fournir tout le matériel nécéssaire. Après avoir passé des semaines à effectuer des recherches sur le défunt, Enoch, amaigri, maladif et dans une sensation de dégoût permanent, rappela l'âme, un mafieux assez important tué dans une altercation entre gangs. Le jeune homme empocha sa paie, alla s'acheter plusieurs litres de vodka dans lesquels il tenta de noyer ses angoisses. Il réussit presque. L'hôpital dans lequel il se retrouva contacta ses parents et il fut rapatrié dans les plus brefs délais.
Après de longs mois passés en cure de désintoxication à essayer de faire le moins de vagues possible par égard pour ses parents et ses grand-parents qui étaient accourus à son chevet, Enoch essaya, pour la première fois de sa vie, de réfléchir à comment il pourrait être heureux, indépendant et se sentir en sécurité, ne serait-ce qu'un peu. Il avait beaucoup lu, miraculeusement aidé aux tâches ménagères, joué tout son saoul aux jeux vidéos, écouté ses morceaux préférés en boucle en dessinant les méandres de son mal-être et à présent il se sentait prêt à se relever, sortir du cocon offert gracieusement par l'argent parental pour aller créer le sien. Il ne voulait plus être dépendant d'eux -ou de qui que ce soit- voir chaque jour ses propres peurs décuplées par leurs regards, se soucier de ce que les voisins collègues et amis allaient penser. Alors il discuta longuement avec eux. Ils étaient disposés à lui payer une formation. Le regard d'Enoch se porta immédiatement vers l'Ecosse et naturellement, il finit par savoir où se trouvait la sérénité : pour se sentir bien, il lui fallait être dans la nature. La formation qui lui conviendrait se faisait en trois ans et était professionnalisante, menait à des métiers comme garde forestier, ranger dans des parcs naturels, assistant de recherche sur les écosystèmes...
Après un stage de fin d'études au Canada et six mois de recherche d'emploi dans une coloc à Londres, un an et demi d'assistant de recherche en laboratoire dans cette même ville, 3 ans en Bretagne au sein du parc régional du Morbihan et 2 ans sur la côte galloise, Enoch obtint son graal personnel : un poste d'agent préservation des écosystèmes côtiers à Northwhich. Il allait pouvoir vivre dans l'endroit du monde qu'il préférait, aux côtés de sa grand-mère Mary, veuve depuis deux ans. La mort de son grand-père avait été un autre coup dur dans la vie du jeune homme et il avait alors repris l'alcool, modérément, mais régulièrement.
Enoch est donc installé depuis environ six mois à Northwhich, il s'est trouvé un petit cottage aménagé dans un ancien corps de ferme à Westside, pour être tout près de l'océan. Il commence à s'acclimater à son équipe de travail et rend visite à sa grand-mère au moins cinq jours sur sept. Il se tient à l'écart des associations de la ville, qu'il regarde d'un oeil mi-fasciné, mi effrayé. Dernièrement, il réfléchit à adopter un chien.